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Page:La rebellion de 1837 à Saint-Eustache.djvu/383

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vie est en danger, il vaut mieux courir la chance de rester au milieu des insurgés et de mourir plutôt avec eux que de me rendre et de monter sur l’échafou 1. Ou bien, il ne croyait point à la force ou à l’attaque des troupes du gouvernement.

Sa position compromettante et pleine de dangers semblait avoir boulevervé tout son être et obscurci sa vue de l’immense responsabilité qu’il assumait comme de l’existence réelle d’une catastrophe imminente ; catas- trophe certaine vers laquelle il faisait courir ses malheu- reux compatriotes, qui n’y croyaient nullement, et qui étaient loin de supposer que le branle-bas du combat allait bientôt sonner.

Inutile pour nous de relater ou de redire ce que M. l’abbé Paquin a déjà écrit sur un combat inégal, meur- trier, et passons outre sans ouvrir de nouveau des pages sanglantes et trop douloureuses. Disons seulement que lorque l’église fut devenue la proie des flammes, le Dr Chénier se trouvait alors relégué dans le choeur de l’é^ilise avec deux des principaux insurgés de St- Eustache, MM. Joseph Robillard et François Cabana ; ce dernier vit encore. Disons que dans ce moment suprême et terrible, il dit à ses compagnons d’un a :r triste, d’une voix tremblante, tant il était agité par l’émotion et la grandeur du danger de sa posi- tion" : " Nous sommes flambés ! nous sommes perdus ! sautons par la fenêtre de la chapelle de la sainte Vierge, et venez vous cacher avec moi sous le ptit pont du fossé qui traverse le cimetière." M. Paquin, dans ses mé- moires authographes dont nous avons inséré dans cet ouvrage les parties les plus saillantes, raconte ce drame émouvant et navrant de la bataille, et il ajoute : " Ché- nier lui-même sortant de l’église en disant, âest fini, sauvons-nons, fut percé d’une balle."

Jetons un voile sur la catastrophe. Ne rappelons point le dénouement d’une tragédie sanglante. Ne