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Page:La rebellion de 1837 à Saint-Eustache.djvu/388

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exemple comme celui de M. Scott. Il supplia non seulement une fois, mais à plusieurs reprises ce chef dangereux qtii était devenu l’âme de la re’volution, d’abandonner des projets qui étaient impossibles et une violation coupable de la loi et de l’humanité. Le Dr Chénier répondit à ses conseils judicieux par des lieux communs et le menaça de le faire incarcérer, s’il conti- nuait à donner de tels avis aux insurgés. " Vous défen- dez, lui répliqua M. Fèré, une position qui vous sera fatal ainsi qu’à vos malheureux compatriotes, et je ne puis nî’empêcher de vous dire qu’il y a chez vous plus d’orgueil et d’entêtement que de jugement et de patrio- tisme."

Cette semonce bien appliquée exaspéra le Dr Chénier qui, dès le soir même, fit arrêter M. Fèré et le fit garder comme prisonnier des insurgés.

Il faut ajouter que M. Fèré avait sucé, non le suc d’une pomme de discorde, mais le lait du libéralisme, de ce libéralisme modéré que nul ne peut réellement craindre ou comparer à celui des radicaux européens ; et il sympathisa toujours avec les libéraux avancés de notre pays.

M. Latte, français de passage au Canada, qui avait une certaine célébrité comme homme de lettres, fut durant plusieurs mois l’hôte bien accueilli de M. Fèré. Fier et heureux de 1 hospitalité bienveillante que lui offrait M. Fèré, il en profita pour s’appliquer à écrire plusieurs lettres et ouvrages sur la politique de ce pays.

M. Fèré, à rencontre de tant d’hommes qui ont le cerveau aussi exalté que les sentiments, fut durant les jours de 1837 comme plus tard un homme modéré, conciliant ; en un mot, un aviseur sage, prudent, et particulièrement très avide de la paix comme du bonheur de ses frères en origine.

Cet homme charmant, cet excellent patriote, est mort en 1860, à l’âge de soixante-et-cinq ans