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Page:La rebellion de 1837 à Saint-Eustache.djvu/387

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EMERY FÈRÉ

M. Emery Fèré, issu d’une famille de notabilité remarquable, était un arpenteur habile qui s’était créé une excellente renommée dans sa profession.

Homme bien planté, d’une stature au-dessus de la moyenne et aux formes athlétiques, il imposait par un port majestueux et la distinction de ses manières gracieuses.

C’était en un mot un type rare et parfait de notre ancienne bourgeoisie française. Toujours mis avec soin et quelque recherche, il figurait toujours bien et la bonne société l’accueillait favorablement, particulièrement pour le charme de sa conversation attrayante et agréable.

Grand amateur de chasse et habile tireur, il enchantait les disciples de saint Hubert par le récit de ses exploits cynégétiques. À un âge même déjà avancé, il se livrait encore à cet amusement irrésistible de hi chasse qu’il affectionnait par dessus tout ; et bien des fois ce vieux Nemrod se donnait la douce et orgueilleuse jouissance d’enseigner aux jeunes chasseurs comment avec un fusil à deux coups on abat au vol le gibier à right and left, et cela sans perdre sa poudre et son plomb.

En 1837, il fut visité et choyé par les agitateurs de l’époque qui l’entraînèrent dans le courant révolutionnaire ; mais homme d’un sens parfaitement droit et lucide, il s’aperçut avec son ami M. Scott qu’il s’était égaré et qu’il fallait revenir dans le droit chemin de la prudence et de la sagesse.

Ami et beau-frère de M. l’abbé Faquin qui était hostile à la rébellion, il partagea en dernier lieu les sentiments de son noble parent et ne voulut plus pactiser avec ceux qui entraînaient t pays dans le désordre, dans l’anarchie et il fit tous ses efforts pour conjurer le Dr Chénier qui S’était emparé de la confiance des insurgés, de suivre son