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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1255

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[ps. lxxxix.]
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LES PSAUMES.


Seigneur, vous êtes devenu un refuge pour nous, de génération en génération,[1]

2. Avant que les montagnes fussent faites, ou que la terre fût formée et l’univers, d’un siècle jusqu’à un autre siècle, vous êtes Dieu.[2]

3. Ne détournez pas un homme vers l’abjection ; car vous avez dit : Tournez-vous vers moi, fils des hommes.[3]

4. Puisque mille ans devant vos yeux, sont comme le jour d’hier qui est passé ;

Et comme une veille nocturne,[4]

5. Qui ne compte pour rien : ainsi seront leurs années.[5]

6. Que le matin, comme l’herbe, l’homme passe ; que le matin il fleurisse et passe : que le soir il tombe, il durcisse et se dessèche.[6]

7. Parce que par votre colère nous avons défailli, et par votre fureur nous avons été troublés.[7]

8. Vous avez mis nos iniquités en votre présence, et le temps de notre vie à la lumière de votre visage.

9. C’est pourquoi tous nos jours ont défailli, et par votre colère nous avons défailli. Nos années s’exercent comme l’araignée :[8]

10. Les jours de nos années sont en elles-mêmes de soixante-dix ans.

Mais dans des hommes [9]

    d’Israël depuis l’Exode et ainsi conservé de mémoire. Plusieurs des traits qu’il contient rappellent la manière de Moïse. Voir Deutéronome, chapitres 32 et 33. C’est à cause de son antiquité qu’il est placé en tête du 4e livre. ― Il fut composé sans doute à la suite de la condamnation porté contre les Israélites par le Seigneur qui, pour les punir de leurs continuelles révoltes, leur annonça que tous ceux qui avaient atteint l’âge de 20 ans, au moment de la sortie d’Égypte, périraient dans le désert.

  1. Ps. 89,1-6 : * Contraste entre la brièveté de la vie de l’homme et l’éternité de Dieu.
    Ps. 89,1 : Prière, etc. Voir pour ce titre les interprètes.
  2. Ps. 89,2 : Avant que, etc. Le Psalmiste fait ressortir ici l’éternité et l’immutabilité de Dieu, pour l’opposer à la faiblesse et à la brièveté de la vie humaine dont il va parler.
  3. Ps. 89,3 : Ne détournez pas, etc. ; c’est-à-dire ne permettez pas qu’un homme se tourne, etc. ― L’Écriture dit souvent que Dieu fait ce qu’il permet seulement. ― Fils des hommes ; hébraïsme, pour hommes.
  4. Ps. 89,4 : Veille nocturne ; littéralement veille dans la nuit. Nous avons eu déjà occasion de remarquer qu’en hébreu les adjectifs sont souvent remplacés par un substantif précédé d’une préposition. Or l’expression veille nocturne désigne ici un espace de temps très court, puisque les Hébreux divisaient la nuit en trois veilles.
  5. Ps. 89,5 : Leurs années ; c’est-à-dire les années des fils des hommes, nommés au verset 3.
  6. Ps. 89,6 : Que le matin, etc. C’est le sens exact de la Vulgate et des Septante. Les traducteurs rendent généralement les verbes de ce verset par le présent ou le futur de l’indicatif ; le texte hébreu est susceptible de ces deux temps ; mais, selon nous, le contexte favorise plutôt le premier ; car le Psalmiste, voulant montrer la brièveté et la fragilité de la vie humaine, doit tout naturellement invoquer, en preuve, un fait existant, et dont l’expérience a été déjà faite.
  7. Ps. 89,7-11 : * Ce sont les péchés de l’homme (d’Israël rebelle dans le désert), qui abrègent ses jours en attirant la colère de Dieu sur lui.
  8. Ps. 89,9 : Nos années, etc. Nos années sont semblables à l’araignée qui travaille et s’épuise à faire une toile si fragile, que le moindre attouchement peut la détruire. ― S’exercent. Comparer à Psaumes, 34, 28.
  9. Ps. 89,10 : Voir Ecclésiastique, 17, 8. ― En elles-mêmes ; ordinairement ; si aucune maladie ou tout autre accident extraordinaire ne vient en abréger le cours. ― Mais survient, etc. ; c’est-à-dire