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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/128

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[ch. xliv.]
La Genèse.

34. En prenant les parts qu’ils avaient reçues de lui ; car une part d’autant plus grande vint à Benjamin, qu’elle surpassait cinq autres parts. Ils burent donc et firent grande chère avec lui.[1]

CHAPITRE 44.

Joseph fait mettre sa coupe dans le sac de Benjamin. Il traite ses frères comme des voleurs. Juda s’offre à demeurer esclave à la place de Benjamin.

1. Or Joseph commanda à l’intendant de sa maison disant : Emplis les sacs de ces hommes d’autant de blé qu’ils en peuvent contenir, et mets l’argent de chacun dans le haut de son sac.

2. Mais place à l’entrée du sac du plus jeune ma coupe d’argent, et le prix du blé qu’il a donné. Et il fut fait ainsi.

3. Et, au lever du matin, on les renvoya avec leurs ânes.

4. Et déjà ils étaient sortis de la ville, et ils avaient fait un peu de chemin ; alors Joseph ayant appelé l’intendant de sa maison : Lève-toi, dit-il, et poursuis ces hommes ; et quand tu les auras atteints, dis-leur : Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien ?

5. La coupe que vous avez dérobée, est celle dans laquelle boit mon maître, et avec laquelle il a coutume de deviner : c’est une chose très mauvaise que vous avez faite.[2]

6. Celui-ci fit comme il lui avait été ordonné ; et les ayant atteints, il leur dit le commandement mot pour mot.

7. Ils répondirent : Pourquoi notre seigneur parle-t-il ainsi, comme si vos serviteurs avaient commis un crime si grand ?

8. L’argent que nous avons trouvé dans le haut de nos sacs, nous l’avons rapporté de la terre de Chanaan : comment arrive-t-il doue que nous avons dérobé de la maison de votre maître de l’or ou de l’argent ?

9. Que celui, quel qu’il soit de vos serviteurs, auprès de qui sera trouvé ce que vous cherchez, meure, et nous, nous serons esclaves de notre seigneur.

10. Il leur dit : Qu’il soit fait selon votre avis : que celui auprès de qui il sera trouvé, soit mon esclave ; mais vous, vous serez innocents.

11. C’est pourquoi descendant promptement leurs sacs à terre, chacun ouvrit le sien.

12. L’intendant les ayant fouillés, commençant depuis le plus grand jusqu’au plus petit, trouva la coupe dans le sac de Benjamin.

13. Ainsi eux, leurs vêtements déchirés, et leurs ânes rechargés, retournèrent à la ville.

  1. Gn. 43,34 : Firent grande chère, ou se réjouirent. Le verbe inebriare du texte est susceptible de ces deux significations.
  2. Gn. 44,5 ; 44,15 : L’usage de deviner par la coupe était commun aux peuples de l’Orient et surtout aux Égyptiens (voir saint Augustin, de Civit. Dei, livre vii, chapitre 57). La traduction de la Vulgate, qui paraît la plus conforme au texte hébreu et qui est aussi celle des Septante, n’autorise cependant point à croire que Joseph se soit livré à des sortilèges ; car, comme le remarque saint Thomas (2. 2, quæst. 195, art. 7), Joseph et son intendant ont pu tenir le langage que Moïse leur prête, parce que les Égyptiens regardaient et proclamaient Joseph comme très habile dans l’art de la divination.