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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1404

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et qu’égale est leur condition : comme l’homme meurt, ainsi elles meurent ; de la même manière elles respirent toutes, et l’homme n’a rien de plus que la bête : toutes choses sont soumises à la vanité :

20. Toutes choses vont vers un seul lieu : elles ont été faites de la terre, et elles retournent pareillement à la terre.

21. Qui sait si l’esprit des fils d’Adam monte en haut, et si l’esprit des bêtes descend en bas ?[1]

22. Et j’ai trouvé que rien n’est meilleur pour l’homme que de se réjouir en son œuvre, et que c’est là sa part : car qui l’amènera à connaître les choses qui doivent arriver après lui ?

CHAPITRE 4.


1. Je me suis tourné vers d’autres choses, et j’ai vu les oppressions qui se font sous le soleil, et les larmes des innocents que personne ne console : j’ai vu qu’ils ne peuvent résister à la violence des oppresseurs, étant destitués du secours de tous.[2]

2. Et j’ai loué les morts plus que les vivants ;[3]

3. Et j’ai jugé plus heureux que les uns et les autres, celui qui n’est pas encore né, et qui n’a pas vu les maux qui se font sous le soleil.

4. De nouveau j’ai contemplé tous les travaux des hommes ; et j’ai vu que l’industrie est exposée à l’envie du prochain : et en cela donc est vanité et soin superflu.

5. L’insensé met ses mains l’une dans l’autre, et mange ses chairs, disant :

6. Mieux vaut une poignée avec le repos, que les deux mains pleines avec le travail et l’affliction d’esprit.

7. Considérant, j’ai trouvé encore une autre vanité sous le soleil :

8. Tel est seul et n’a pas un second, ni fils, ni frère, et cependant il ne cesse de travailler, et ses yeux ne se rassasient pas de richesses ; et il ne réfléchit pas, et il ne dit pas : Pour qui est-ce que je travaille ? pour qui est-ce que je prive mon âme des biens ? En cela aussi est vanité, et une affliction très malheureuse.

9. Mieux vaut donc être deux ensemble, que d’être seul ; car ils ont l’avantage de leur société ;

  1. Eccl. 3,21 : Qui sait, etc. Il n’y a pas plus de matérialisme dans ce verset que dans les précédents. Salomon y dit seulement, ce qui est incontestable, que la raison humaine ne saurait voir clairement, par ses seules forces, quel peut être le sort réservé à l’homme après sa mort.
  2. Eccl. 4,1 : Les oppressions ; littéralement les calomnies. Voir Proverbes, 14, 31. ― Des oppresseurs ; littéralement d’eux (eorum), c’est-à-dire de ceux qui sont les auteurs des oppressions et des larmes dont il vient d’être fait mention.
  3. Eccl. 4,2 : Et j’ai loué, etc. ; c’est-à-dire j’ai trouvé l’état des morts préférable à celui des vivants. Saint Jérôme remarque que le sage ne considère dans cette expression que la souffrance dans l’état des vivants, et que le repos dans celui des morts. C’est ainsi que plusieurs saints personnages ont trouvé, dans certaines circonstances, la mort préférable à la vie. Voir 3 Rois, 19, 4 ; Tobie, 3, 1 ; 1 Machabées, 3, 50.