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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1462

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9. Et il a souci, non parce qu’il doit travailler, ni parce que la vie est courte pour lui ; mais parce qu’il est combattu par les ouvriers en or et en argent, et qu’il imite ceux qui travaillent en airain, et il met en avant la gloire de faire des choses inutiles.

10. C’est de la cendre que son cœur, et de la terre inutile que son espérance ; et sa vie est plus vile que la boue ;

11. Parce qu’il a ignoré qui l’a formé, qui lui a inspiré cette âme qui agit, et qui lui a insufflé l’esprit vital.

12. Mais ils ont estimé que notre vie est un jeu, et que l’occupation de la vie a pour but le lucre, et qu’il faut, par tous les moyens, même par le mal, en acquérir.[1]

13. Celui-là, en effet, sait qu’il pèche plus que tous les autres, qui forme d’une matière de terre des vases fragiles, et des images taillées au ciseau.[2]

14. Mais ils sont tous insensés et malheureux, excessivement superbes d’esprit, les ennemis de votre peuple, et ceux qui le dominent ;[3]

15. Parce qu’ils estiment dieux toutes les idoles des nations, qui n’ont ni l’usage des yeux pour voir, ni des narines pour respirer, ni des oreilles pour entendre, ni des doigts de mains pour toucher ; mais même leurs pieds sont paresseux pour la marche :[4]

16. Car c’est un homme qui a fait ces dieux, et celui qui a reçu en prêt l’esprit de vie, celui-là même les a formés. Personne en effet ne pourra faire un dieu semblable à lui-même.[5]

17. Car, puisqu’il est mortel, c’est un mort qu’il forme avec des mains iniques. Il vaut mieux en effet lui-même que ceux qu’il adore, parce qu’il a vécu au moins quelque temps, quoiqu’il fût mortel ; mais eux, jamais.

18. Et ils adorent jusqu’aux animaux les plus misérables ; lesquels, en effet, comparés à d’autres, privés de raison, leur sont inférieurs.[6]

  1. Sg. 15,12 : Ils ont estimé ; pluriel qui se rapporte à les amateurs de mauvaises choses du verset 6.
  2. Sg. 15,13 : Des images taillées au ciseau ; c’est-à-dire des idoles.
  3. Sg. 15,14 : Excessivement (supra modum) ; cet adverbe, par la place qu’il occupe, pourrait rigoureusement se rapporter à malheureux, qui précède ; cependant nous croyons qu’il est plus naturel de le rattacher à l’expression suivante : superbes d’esprit. ― Les ennemis de votre peuple, les Egyptiens, qui adorent les dieux mentionnés au verset 18. C’est, d’après les uns, une allusion à Ptolémée IV Philopator (222-204), qui, après avoir été repoussé de Jérusalem, vers 217, traita les Juifs d’Egypte avec beaucoup de cruauté. D’après d’autres, dont l’opinion est plus probable, l’auteur sacré veut parler ici des mauvais traitements que fit endurer aux Juifs, comme le rapporte Josèphe, Ptolémée VII Physcon (170-117).
  4. Sg. 15,15 : Voir Psaumes, 113, 5 ; 134, 16. ― Les Grecs d’Alexandrie identifiaient leurs dieux avec ceux des autres peuples et honoraient les idoles étrangères comme les leurs propres. Rome, sous l’empire, fit de même.
  5. Sg. 15,16 : Celui qui a reçu en prêt (mutuatus est). Voir le verset 8. ― Semblable à lui-même ; c’est-à-dire vivant, intelligent comme il est lui-même.
  6. Sg. 15,18 : Les animaux, etc. ; ce sont les serpents, les chiens, les crocodiles, etc., adorés par les Egyptiens en particulier.