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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1472

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au pacage, ils ont recueilli une nourriture abondante, et comme des agneaux, ils ont bondi, vous glorifiant, Seigneur, vous qui les aviez délivrés.[1]

10. Car ils se souvenaient encore de ce qui était arrivé dans leur habitation en pays étranger ; comment au lieu d’un peuple d’animaux, la terre avait produit des mouches, et comment au lieu de poissons, le fleuve avait jeté une multitude de grenouilles.

11. Mais en dernier lieu, ils virent une nouvelle race d’oiseaux, lorsque, cédant à la convoitise, ils demandèrent à Dieu une nourriture excellente.[2]

12. Car en satisfaction de leur désir, il monta pour eux de la mer des cailles : et les tourments survinrent aux pécheurs, non sans des indices qui avaient été donnés auparavant par la violence des tonnerres ; parce que c’est justement qu’ils souffraient sel on leurs méchancetés.[3]

13. Car ils ont exercé une inhospitalité plus détestable : les uns ne recevaient point des étrangers inconnus ; mais les autres réduisaient en servitude des hôtes bienfaisants.[4]

14. Et non seulement cela, mais il y avait encore une autre considération à faire à l’égard de ceux-là, c’est qu’ils recevaient à contre-cœur des étrangers.[5]

15. Mais ceux-ci firent souffrir les tourments les plus cruels à ceux qu’ils avaient d’abord reçus avec allégresse et qui vivaient sous les mêmes lois.[6]

16. Aussi ont-ils été frappés d’aveuglement, comme ceux-là à la porte du juste, lorsqu’ayant été couverts de subites ténèbres, chacun cherchait l’entrée de sa porte.[7]

  1. Sg. 19,9 : Comme des chevaux. C’est une allusion à la joie qu’éprouvèrent les Israélites, lorsque Dieu leur envoya la manne dans le désert. ― Vous glorifiant, etc. ; autre allusion au cantique d’action de grâces chanté par les Hébreux après le passage de la mer Rouge, voir Exode, chapitre 15.
  2. Sg. 19,11 : Mais en dernier lieu, etc. Comparer, pour l’intensité de ce verset, à Sagesse, 16, 2 ; Exode, 16, 13 ; Nombres, 11, 31. ― Une nourriture excellente ; littéralement une nourriture d’épulon (epulonis), mot désignant chez les Latins le prêtre qui présidait aux festins des sacrifices, et signifiant aussi convive. Le texte grec porte des aliments de délices. ― Une nouvelle race d’oiseaux, les cailles.
  3. Sg. 19,12 : Non sans des indices. Dieu, par les foudres et le feu du ciel tombés sur Sodome, avait longtemps auparavant fait connaître aux Egyptiens les malheurs qui les menaçaient, puisqu’ils imitaient et même surpassaient les habitants de Sodome par leur inhumanité envers les étrangers, comme le prouvent les versets suivants.
  4. Sg. 19,13 : Ils ont exercé ; c’est-à-dire les Egyptiens. ― Les uns, etc. ; les habitants de Sodome refusaient l’hospitalité à des inconnus, tels que les anges envoyés à Lot (voir Genèse, chapitre 19). ― Les autres, etc. ; les Egyptiens opprimaient injustement les Hébreux qui ne leur avaient fait que du bien (bonos hospites).
  5. Sg. 19,14 : Et non seulement, etc. Les habitants de Sodome, en donnant l’hospitalité à des inconnus, ne les reçurent qu’à contrecœur, malgré eux (inviti), ou, suivant le texte grec, en ennemis (apechthôs).
  6. Sg. 19,15 : Reçus avec allégresse. Comparer à Genèse, 45, 18-20. ― Ceux-ci, les Egyptiens.
  7. Sg. 19,16 : Voir Genèse, 19, 11. ― Ils ont été frappés d’aveuglement. Le Sage veut parler des ténèbres de l’Egypte qui durèrent trois jours, dont il a déjà fait mention (voir Sagesse, chapitre 17), et qu’il rappelle ici dans ce verset même. ― Comme ceux-là ; les Sodomites. ― À la porte du juste ; de Lot. ― Lorsque ayant été, etc. Toute cette dernière partie du verset se rapporte aux Egyptiens dont l’aveuglement ou l’impuissance de voir venait des ténèbres répandues sur l’Egypte, tandis que celui des Sodomites avait une autre cause, que l’Ecriture ne nous fait pas connaître (voir Genèse, 19, 11) ; de sorte que nous ignorons en quoi consistait précisément cet aveuglement. Beaucoup d’interprètes pensent que c’était une sorte de vertige ou d’éblouissement.