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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1596

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3. Maintenant donc, habitants de Jérusalem, et hommes de Juda ; soyez juges entre moi et ma vigne.

4. Qu’est-ce que j’ai dû faire de plus à ma vigne, que je ne lui ai pas fait ? n’ai-je pas espéré qu’elle produirait des raisins, et elle a produit des grappes sauvages ?

5. Et maintenant je vous montrerai ce que moi je ferai à ma vigne ; j’enlèverai sa haie, et elle sera au pillage ; je détruirai sa muraille, et elle sera foulée aux pieds.[1]

6. Je la rendrai déserte ; elle ne sera pas taillée, et elle ne sera pas labourée ; les ronces et les épines s’élèveront, et je commanderai aux nuées de ne pas répandre sur elle de pluie.

7. Car la vigne du Seigneur des armées est la maison d’Israël, et l’homme de Juda son germe délectable ; et j’ai espéré qu’il rendrait un jugement, et voilà l’iniquité ; qu’il rendrait la justice, et voilà le cri de l’opprimé.

8. Malheur à vous qui joignez maison à maison, et qui ajoutez un champ à un champ jusqu’à ce que le lieu vous manque ; est-ce que vous seuls vous habiterez au milieu de la terre ?

9. Voici ce qui a été révélé à mes oreilles. Le Seigneur des armées dit : J’ai juré si des maisons nombreuses, élevées et belles ne seront pas désertes, sans habitant.[2]

10. Car dix arpents de vignes rapporteront une seule petite bouteille, et trente mesures de semence produiront trois mesures.[3]

11. Malheur à vous qui vous levez dès le matin pour vous abandonner à l’ivresse, et pour boire jusqu’à la nuit, afin que par le vin vous vous échauffiez.[4]

12. La harpe, et la lyre, et le tambour, et la flûte, et le vin se trouvent dans vos festins ; et l’œuvre du Seigneur, vous n’y avez pas égard, et les ouvrages de ses mains, vous ne les considérerez pas.

13. C’est pour cela que mon peuple a été emmené captif, parce qu’il n’a pas d’intelligence ; et que les nobles d’Israël ont péri de faim, et que la multitude de son peuple a séché par la soif.[5]

  1. Is. 5,5-6 : Les menaces faites dans ces versets furent accomplies à la lettre, lors de la désolation d’Israël par les Assyriens ; mais elles ont reçu un second accomplissement sur les Juifs incrédules, depuis la mort de Jésus-Christ.
  2. Is. 5,9 : Révélé ; mot très probablement sous-entendu ici, et exprimé dans un passage parallèle (voir Isaïe, 22, 14). ― Mes oreilles ; c’est-à-dire les oreilles du prophète (comparer au même passage). C’est le sens de l’hébreu, comme l’a justement remarqué saint Jérôme dans son Commentaire ; c’est aussi celui de la paraphrase chaldaïque, contrairement à la version des Septante. ― Si des maisons… ne seront pas ; c’est-à-dire qu’elles seront (Voir sur les formules de serment, Psaumes, 94, 11).
  3. Is. 5,10 : Dans l’hébreu : « Dix journées de travail de vigne, (l’étendue de vigne qu’on peut travailler en dix jours) produira un bath (de vin) et un homer de semence produira un épha de récolte. L’épha était la dixième partie d’un homer. Voir à la fin du volume, note 21, les mesures hébraïques.
  4. Is. 5,11 : Le vin dont il est question ici est un vin artificiel, fait avec des dattes, des pommes, des grenades, du miel, de l’orge, et souvent mélangé d’aromates.
  5. Is. 5,13 : C’est pour cela, etc. Cette prophétie, qui se rapporte à la lettre à la captivité de Babylone, est un symbole de la dispersion des Juifs incrédules depuis la mort de Jésus-Christ ; et c’est à ceux-ci que saint Jérôme l’applique.