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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1615

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[1]

2. Sur une montagne couverte de nuages, levez un étendard, haussez la voix, levez la main, et que dans ses portes entrent les chefs.

3. Moi, j’ai donné mes ordres à mes sanctifiés, et j’ai dans ma colère appelé mes forts qui exultent dans ma gloire.[2]

4. La voix d’une multitude sur les montagnes est comme celle de peuples nombreux ; voix retentissante de rois, de nations réunies ; le Seigneur des armées a commandé à la milice de guerre,[3]

    Isaïe, du chapitre 13 au chapitre 27, comme dans Jérémie, du chapitre 46 au chapitre 51, et dans Ezéchiel, du chapitre 25 au chapitre 32. Seulement, dans Jérémie, ils forment, séparés de leur introduction, chapitre 25, la conclusion du livre, et dans Ezéchiel, ils remplissent l’intervalle compris entre les visions qu’il eut sur les bords du Chaboras et celles qui regardent Jérusalem, tandis que dans Isaïe, ils forment comme le complément de la prophétie d’Emmanuel, en nous prédisant la ruine de tous les ennemis du peuple de Dieu, et sont probablement, la plupart du moins, de la même époque que les chapitres 7 à 12. ― Le commencement d’une nouvelle section nous est indiqué, chapitre 13, verset 1, par les mots : Malheur accablant, etc. Les prophéties contre les nations étrangères, contenues dans les chapitres 13 à 27, forment donc le troisième groupe des prophéties de la première partie d’Isaïe. Elles portent un nom particulier, celui de massâh, en hébreu, onus en latin, traduit ici par malheur accablant. Ce mot peut signifier simplement prophétie ; mais dans Isaïe, il est toujours pris en mauvaise part, dans le sens de prédiction menaçante. ― Les prophéties contre les nations étrangères embrassent à peu près tous les peuples connus des Hébreux, et sont au nombre de quatorze : 1o Contre les Chaldéens, héritiers des Assyriens, du chapitre 13 au chapitre 14, verset 23. ― 2o Contre les Assyriens, chapitre 14, versets 24 à 27. ― 3o Contre les Philistins, chapitre 14, versets 28 à 32. ― 4o Contre les Moabites, chapitres 15 et 16. ― 5o Contre Damas et Israël, chapitre 17. ― 6o Sur l’Ethiopie, maîtresse de l’Egypte du temps d’Isaïe, chapitre 18. ― 7o Contre l’Egypte, chapitres 19 et 20 (deux prophéties d’époques différentes). ― 8o Contre Babylone, chapitre 21, versets 1 à 10. ― 9o Contre Duma (voir Genèse, 25, 14 ; 1 Paralipomènes, 1, 30), versets 11 et 12. ― 10o Contre l’Arabie, versets 13 à 17. ― 11o Contre Jérusalem, chapitre 22, versets 1 à 14. ― 12o Contre Sobna, préposé du temple, versets 15 à 25. ― 13o Contre et en faveur de Tyr, chapitre 23. ― 14o À ses prophéties contres les païens, Isaïe a joint ses oracles eschatologiques, c’est-à-dire les prophéties concernant la fin du monde, du chapitre 24 au chapitre 27. ― Le cycle de ces prophéties s’ouvre par Babylone, qui devait être l’héritière de la puissance de Ninive et l’ennemi le plus redoutable de Juda, du chapitre 13 au chapitre 14, verset 27 ; viennent ensuite les plus proches voisins des Juifs, les Philistins à l’ouest, chapitre 14, verset 28 à 32 ; les Moabites à l’est, chapitres 15 et 16 ; le royaume schismatique d’Israël au nord, avec son confédéré, le royaume syrien de Damas, chapitre 17 ; de là Isaïe passe aux plus peuples plus éloignés, à l’Egypte et à l’Ethiopie, au sud-ouest, du chapitre 18 au chapitre 20 ; à Babylone, siège de l’idolâtrie, à l’est, chapitre 21, versets 1 à 10 ; il se rapproche alors de nouveau de Jérusalem et, passant par l’Idumée, versets 11 et 12, et l’Arabie, versets 13 à 17, arrive jusqu’à cette capitale, chapitre 22, versets 1 à 14 ; là, il poursuit de ses menaces prophétiques Sobna, préposé du temple, et lui annonce qu’il aura pour successeur Eliacim, versets 15 à 25 ; enfin ses regards s’arrêtent sur Tyr, la ville insulaire de la Méditerranée, chapitre 23, pour tout clore par la prophétie sur la fin des temps, du chapitre 24 au chapitre 27. ― Toutes les prophéties concernant les peuples païens ont été littéralement accomplies. Leur sort est la figure de celui qui attend les ennemis du peuple de Dieu, sort qui nous est révélé dans la conclusion de cette section des prophéties d’Isaïe.

  1. Is. 13,1 : Malheur accablant ; littéralement charge, fardeau (onus) ; c’est selon la remarque de saint Jérôme, le mot dont se servent les prophètes, lorsqu’ils annoncent des malheurs, des calamités. Ainsi le sens de ce mot est ici prophétie de malheur (voir Isaïe, 15, 1 ; 17, 1 ; 19, 1 ; Ezéchiel, 12, 10 ; Habacuc, 1, 1 ; Zacharie, 9, 1). ― Babylone, dans le langage figuré des prophètes, représente le monde idolâtre, le monde ennemi de Jésus-Christ. De là vient que saint Pierre, dans sa Ire Epître (voir 1 Pierre, 5, 13), et saint Jean dans Apocalypse, 17, 5 désignent Rome païenne sous le nom de Babylone.
  2. Is. 13,3 : Mes sanctifiés ; ceux que j’ai consacrés, destinés à la reconstruction de Babylone ; c’est-à-dire les Mèdes et les Perses. ― Mes forts, etc. ; mes guerriers, qui travaillaient avec joie pour ma gloire.
  3. Is. 13,4 : Sur les montagnes. Les montagnes les plus rapprochées de Babylone sont celles