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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1636

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23. Et je le ficherai comme un pieu dans un lieu sûr, et il sera comme un trône de gloire pour la maison de son père.

24. On y suspendra toute la gloire de la maison de son père, les divers genres de vases, tout vase le plus petit, depuis les vases cratères jusqu’à tout instrument de musique.

25. En ce jour-là, dit le Seigneur des armées, sera enlevé le pieu qui avait été fiché dans un lieu sûr ; et sera brisé et tombera et périra tout ce qui y avait été suspendu, parce que le Seigneur a parlé.[1]

CHAPITRE 23.


1. Malheur accablant de Tyr. Hurlez, vaisseaux de la mer, parce qu’a été dévastée la maison d’où les navires avaient accoutumé de venir ; c’est de la terre de Céthim que cela leur a été révélé.[2][3]

2. Gardez le silence, vous qui habitez dans l’île ; les marchands de Sidon, traversant la mer, t’ont remplie.[4]

3. Au milieu de grandes eaux la semence du Nil, la moisson du fleuve étaient ses fruits ; et elle est devenue le marché des nations.[5]

  1. Is. 22,25 : Le pieu, Sobna.
  2. Is. 23,1-18 : Prophétie contre Tyr. Ce morceau est, au point de vue littéraire, l’un des plus beaux d’Isaïe : c’est une élégie d’une rare perfection poétique. On peut la partager en quatre strophes : versets 1 à 5, 6 à 9, 10 à 14 et 15 à 18. ― À l’époque d’Isaïe, Tyr était dans sa plus grande puissance ; son commerce était très florissant et ses flottes portaient partout les produits de son art et de son industrie. Pour être à l’abri des surprises et pour être en état de se défendre plus facilement, les Tyriens avaient placé le siège de leur puissance et enfermé leurs richesses dans une petite île, située à environ douze cents pas de la terre ferme ; ce fut la nouvelle Tyr. On sait qu’Alexandre le Grand, pour s’en emparer, la réunit à la terre fermée par une jetée. ― On pense communément que la prophétie contre Tyr fut réalisée par Nabuchodonosor, roi de Babylone, en s’appuyant sur le verset 13, mais ce verset qui annonce en réalité que l’Assyrie domine sur la Chaldée, montre qu’il s’agit d’un temps antérieur à Nabuchodonosor, sous lequel le royaume d’Assyrie n’existait plus. Ce verset est probablement une allusion à la prise de Babylone par Sargon. Voir plus haut, Isaïe, 21, 1-10. La prophétie faite ici par Isaïe dut s’accomplir sous le règne de Sennachérib. Les monuments de ce prince nous apprennent que Luli, roi de Sidon et maître de la Phénicie et par conséquent de Tyr, s’enfuit à l’approche de Sennachérib et se réfugia dans l’île de Chypre. L’oracle ne fut d’ailleurs complètement accompli que sous le règne d’Alexandre le Grand. ― Voir, de plus, sur la chute de Tyr, Ezéchiel, note 26.2.
  3. Is. 23,1 : Malheur accablant. Voir Isaïe, 13, 1. ― La maison ; le lieu, le port. ― La terre de Céthim ; la Macédoine. ― Ou plutôt ici, l’île de Chypre, que Céthim désigne plus particulièrement, parce que les vaisseaux de la mer (en hébreu : de Tharsis), qui reviennent des colonies occidentales de la Phénicie, et retournent à la maison, c’est-à-dire à Tyr qui est la patrie des marins qui les montent, apprendront à Chypre même les malheurs qui ont fondu sur leur pays.
  4. Is. 23,2 : Dans l’île. L’ancienne Tyr, qui fut prise par Nabuchodonosor, était sur la terre ferme ; la nouvelle, prise par Alexandre, était dans l’île.
  5. Is. 23,3 : La semence du Nil ; les richesses de l’Egypte devenaient le gain des Phéniciens au milieu des grandes eaux, c’est-à-dire, sur la mer, parce que les Egyptiens n’avaient pas de bois de construction pour les grands vaisseaux, ni de marine, et c’étaient les Phéniciens qui leur servaient d’intermédiaires pour le commerce ; la Phénicie était véritablement le marché des nations du monde ancien.