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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1722

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JÉRÉMIE[1]

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INTRODUCTION


Jérémie est de tous les prophètes celui dont les écrits nous font le mieux connaître la vie, l’œuvre, les sentiments, les souffrances. Il était d’Anathoth, petite ville sacerdotale, à une heure et demie environ au nord de Jérusalem. Son père s’appelait Helcias. S. Jérôme et plusieurs autres commentateurs ont cru que cet Helcias était le grand-prêtre qui aida si efficacement Josias dans la réforme religieuse de Juda ; mais cette identification est peu probable, parce que le pontife était de la famille d’Éléazar, tandis que les prêtres d’Anathoth étaient de la branche d’Ithamar. Quoi qu’il en soit, dans son pays natal, si proche de la capitale, Jérémie, pendant son enfance, dut entendre souvent parler avec horreur et indignation de l’idolâtrie et des cruautés de Manassé et de son fils Amos, rois de Juda. Il fut élevé dans l’amour de la loi et le respect des traditions mosaïques ; il étudia avec soin les Saintes Écritures et les oracles des anciens prophètes, en particulier Isaïe et Michée, comme l’attestent ses écrits, qui sont tout remplis de réminiscences des auteurs antérieurs et quelquefois même citent ou reproduisent textuellement leurs paroles. En grandissant, il fut témoin des efforts de Josias pour rétablir la religion mosaïque dans sa pureté primitive, et cette entreprise ne put le laisser indifférent, elle produisit dans son âme une impression ineffaçable. C’est sans doute aussi dans sa jeunesse qu’il se lia d’amitié avec la famille de Nérias, fils de Maasias, gouverneur de Jérusalem à cette époque, et coopérateur d’Helcias et de Saphan dans les réformes de Josias. Plus tard, les deux fils de Nérias, Baruch et Saraïas, devinrent les disciples de Jérémie.

  1. Les prophéties de Jérémie ne sont nullement disposées dans l’ordre chronologique, soit que l’auteur du recueil de ces prophéties ait négligé de leur donner cet ordre, soit que cet ordre ait été troublé et dérangé dans la suite par quelques accidents, ou par la méprise et la négligence des copistes. Il y a même de la variété entre l’arrangement que leur donnent les exemplaires du texte hébreu suivi par la Vulgate et celui que leur assignent les exemplaires de la version des Septante ; de plus, on trouve dans les Septante plusieurs omissions considérables ; trois phénomènes sur lesquels les critiques modernes se sont beaucoup exercés. Nous ajouterons que pour acquérir l’intelligence de ce livre aussi bien que ceux des autres prophètes, il ne sera pas inutile de relire attentivement ce que nous avons dit dans les Observations préliminaires sur les prophètes, III, pag. 1 et 2.