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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/1860

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1828
[ch. i.]
LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE.

ALEPH.

1. Comment est-elle assise solitaire, la ville pleine de peuple ? elle est devenue comme veuve, la maîtresse des nations ; la reine des provinces a été assujettie au tribut.[1]

BETH.

2.  Pleurant, elle a pleuré pendant la nuit, et ses larmes coulent sur ses joues ; et il n’est personne qui la console, parmi ceux qui lui étaient chers ; tous ses amis l’ont méprisée et sont devenus ses ennemis.[2]

GHIMEL.

3.  Juda a émigré à cause de son affliction et de la grandeur de son esclavage : il a habité parmi les nations, et n’a pas trouvé de repos : ses persécuteurs l’ont saisi dans ses angoisses.

DALETH.

4.  Les voies de Sion sont en deuil, de ce qu’il n’y a personne qui vienne pour une solennité ; toutes ses portes sont détruites ; ses prêtres gémissent, ses vierges sont défigurées ; elle-même est plongée dans l’amertume.

HÉ.

5.  Ses ennemis sont devenus maîtres, ses adversaires se sont enrichis, parce que le Seigneur a parlé contre elle à cause de la multitude de ses iniquités ; ses petits enfants ont été emmenés en captivité devant la face de celui qui les tourmentait.[3]

VAU.

6.  Toute la beauté de la fille de Sion s’est retirée d’elle ; ses princes sont devenus comme des béliers ne trouvant pas de pâturages ; ils s’en sont allés sans force devant la face de celui qui les poursuivait.

ZAIN.

7.  Jérusalem s’est souvenue des jours de son affliction, et de la prévarication de toutes les choses précieuses qu’elle avait eues dès les jours anciens, lorsque son peuple tombait sous une main ennemie et qu’il n’avait pas de défenseur ; ses ennemis l’ont vue, et ils se sont moqués de ses sabbats.[4]

HETH.

8.  Elle a beaucoup péché, Jérusalem ; à cause de cela elle est

  1. Lm. 1,1 : * Le Ier verset donne le ton de tout le morceau. La pensée qui frappe l’esprit du prophète, c’est la solitude dans laquelle il se trouve. La princesse, la maîtresse des nations, est maintenant assise solitaire, comme la Judæa capta qu’on voit plus tard sur les médailles romaines (Voir l’Appendice). Ses enfants lui ont été enlevés et elle est plongée dans la plus profonde misère.
  2. Lm. 1,2 : Voir Jérémie, 13, 17. ― Pleurant, elle a pleuré ; hébraïsme, pour elle a beaucoup pleuré.
  3. Lm. 1,5 : Devenus maîtres ; littéralement en tête (in capite).
  4. Lm. 1,7 : Sabbats ; nom que les Hébreux donnaient à toutes les fêtes en général, à cause du repos qu’on y observait ; le mot sabbat signifie en effet repos. On sait que les païens reprochaient ordinairement aux Juifs de faire de cette inaction, de cette paresse, comme ils l’appelaient, une partie de leur religion.