faveur de ces derniers, Jér., xliii, 3. La quatrième année de Joakim, il alla lire
au roi les prophéties de son maître, qu’il avait écrites sous sa dictée, et il les
écrivit une seconde fois de la même manière, quand le roi eut jeté au feu la
première édition, xxxvi. Les persécutions qu’il eut à subir lui causèrent un moment
de découragement, mais il ne dura pas, xlv. Plus tard, sous le règne
de Sédécias, il fut mis en prison avec Jérémie, et il y resta jusqu’à la prise de
Jérusalem (588) ; il se retira alors à Masphath, et fut ensuite forcé, comme
Jérémie, de suivre les Juifs fugitifs en Egypte, Jér., xliii, 6. Il alla enfin à Babylone
et il y mourut. Quelques-uns croient qu’il avait déjà visité cette ville la
quatrième année de Sédécias (594), avec une ambassade royale dont son frère
faisait partie et qui s’y était rendue, sur la demande de Jérémie, pour consoler
les captifs. Cf. Jér., li, 61.
Le style de Baruch, sans avoir la magnificence d’Isaïe, est remarquable, et l’on sait l’admiration qu’il avait inspirée à La Fontaine ; après l’avoir lu, il demandait à tous ceux qu’il rencontrait : « Avez-vous lu Baruch ? C’était un grand génie. »
Les cinq premiers chapitres de la prophétie sont de Baruch ; le sixième contient une lettre de Jérémie. La plupart des protestants et les rationalistes nient l’authenticité du tout. — I. Les cinq premiers chapitres sont réellement l’œuvre de Baruch, comme l’affirme le titre, i, 1. — 1o On conteste, il est vrai, l’autorité de ce titre, mais c’est sans fondement. Il porte, i, 2, que Baruch écrivit sa prophétie la cinquième année après la ruine de Jérusalem, 583. C’est inadmissible, dit-on, parce que Baruch avait accompagné Jérémie en Egypte, Jér., xliii, 6. Mais il est facile de répondre qu’il ne suit nullement, de ce que Baruch était allé en Egypte en 588 ou 587, qu’il n’était pas en Chaldée en 583. — 2o On prétend trouver dans le cours du livre des passages qui indiquent qu’il a été écrit après la fin de la captivité et après la reconstruction du temple, i, 10, 14 ; ii, 26. — L’auteur parle incontestablement, dans ces passages, de l’autel du Seigneur et de la maison de Dieu, mais c’est de la maison de Dieu ruinée et de l’autel sur lequel on continuait à offrir des sacrifices, comme dans les passages analogues de Jérémie. — II. Quant à l’authenticité de la lettre de Jérémie, ch. vi, le titre l’attribue à ce prophète, et il est confirmé parce que dit le second livre des Machabées, ii, i-2.
Le livre de Baruch se partage en deux parties principales, i-iii, 8, et iii, 9-v. La lettre de Jérémie, placée à la fin, en forme comme un appendice. — I. La première partie renferme : — 1o une introduction, i, 1-14, et 2o une prière qui se subdivise en deux sections : la première section est une sorte de confession dans laquelle le peuple captif reconnaît ses péchés, i, 15-ii ; dans la seconde section, les coupables repentants demandent à Dieu de mettre un terme au châtiment qu’ils reconnaissent avoir mérité, iii, 1-8. — II. La seconde partie contient un discours de Baruch. — 1o Il exhorte le peuple à chercher la vraie sagesse et à se convertir, iii, 9-iv, 8. Les versets 36-38 du ch. iii renferment une prophétie messianique remarquable, dans laquelle la plupart des Pères ont vu la même pensée que celle exprimée dans l’Evangile de S. Jean : Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. — 2o Il console les captifs, leur recommande d’être fermes et courageux, et leur promet qu’ils seront vengés, iv, 9-29. — 3o Il s’adresse à Jérusalem elle-même, et lui annonce que ses fils, emmenés avec ignominie sur la terre étrangère, reviendront à elle avec gloire, iv, 30-v.