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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/2085

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9. Depuis les jours de Gabaa, Israël a péché ; là ils se sont arrêtés ; ce ne sera pas une guerre comme à Gabaa contre des enfants d’iniquité, qui les atteindra.[1]

10. Selon mon désir, je les châtierai ; les peuples s’assembleront contre eux, lorsqu’ils seront châtiés pour leur double iniquité.[2]

11. Ephraïm est une génisse qu’on a apprise à aimer le battage, et moi j’ai passé sur son beau cou ; je monterai sur Ephraïm ; Juda labourera et Jacob tracera par lui-même des sillons.[3]

12. Semez pour vous dans la justice, et vous moissonnerez en proportion de votre miséricorde, mettez votre terre en novale ; mais il sera temps de rechercher le Seigneur, lorsque sera venu celui qui vous enseignera la justice.[4]

13. Vous avez cultivé l’impiété, vous avez moissonné l’iniquité, vous avez mangé un fruit de mensonge, parce que tu t’es confié en tes voies, en la multitude de tes braves.[5]

14. Le tumulte s’élèvera parmi ton peuple, et toutes les fortifications seront dévastées, comme fut dévasté Salmana au jour du combat par la maison de celui qui jugea Baal, la mère ayant été écrasée sur les enfants,[6]

  1. Os. 10,9 : Voir Juges, 19, 25. ― Depuis les jours (ex diebus) ; ou bien plus que dans les jours ; l’hébreu est susceptible des deux sens. ― De Gabaa. Voir Osée, 9, 9. ― Là ils se sont arrêtés (ibi steterunt) ; c’est-à-dire, selon l’hébreu, ils sont restés debout, ils n’ont pas entièrement péri. Les Benjamites, en effet, ne périrent pas tous dans l’affaire de Gabaa ; il s’en trouva 600, qui servirent à rétablir leur tribu dans son premier état. Cette interprétation nous semble la meilleure, comme se liant très bien à ce qui suit. ― Ce ne sera pas, etc. La guerre contre les Israélites, annoncée ici, sera beaucoup plus terrible que celle qui eut lieu à Gabaa, puisque Samarie elle-même doit être détruite de fond en comble par les Assyriens.
  2. Os. 10,10 : Leur double iniquité ; c’est-à-dire, le mépris qu’ils ont fait de Dieu, et le culte qu’ils ont rendu aux idoles ; ou bien les deux veaux d’or qu’ils ont adorés, l’un à Dan, et l’autre à Béthel.
  3. Os. 10,11 : J’ai passé ; j’ai fait passer le joug. ― Son beau cou ; littéralement et par hébraïsme, la beauté de son cou. ― Je monterai sur Ephraïm ; je le dompterai.
  4. Os. 10,12 : Voir Jérémie, 4, 3. ― Et vous moissonnerez ; littéralement et par hébraïsme, et moissonnerez. ― En proportion de ; est le vrai sens de l’expression hébraïque, rendue exactement d’ailleurs dans la Vulgate par in ore. ― Votre miséricorde ; le bien que vous faites. Comparer à Osée, 14, 3. ― Celui qui, etc. Les Pères et après eux le commun des interprètes appliquent ce passage à Jésus-Christ, maître par excellence de la justice.
  5. Os. 10,13 : Un fruit de mensonge ; un fruit trompeur, qui ne saurait nourrir.
  6. Os. 10,14 : Voir Juges, 8, 12. ― Salmana ; un des princes madianites, qui furent défaits par Gédéon (voir Juges, du chapitre 6 au chapitre 8). ― Celui qui jugea Baal (qui judicavit Baal), Gédéon, qui détruisit l’autel de Baal et le bois qui était autour (voir Juges, 6, 25). ― Le nom de Salmana, dans ce passage d’Osée, n’est pas écrit en hébreu comme celui dont il est question dans le livre des Juges. Le texte hébreu porte : Comme Schalman a dévasté Beth-Arbel au jour de la guerre. Saint Jérôme ne connaissant aucun fait biblique auquel ce passage put faire allusion, si ce n’est la victoire de Gédéon sur Salmana, supposa, comme il le dit lui-même, qu’Arbel était le même mot que Jérobaal, surnom de Gédéon. De là sa traduction de ce passage. Osée faisait allusion à un fait connu de ses contemporains, mais oublié depuis. Nous en avons peut-être l’explication dans un passage des annales de Théglathphalasar, roi d’Assyrie, qui mentionne un roi de Moab, appelé Schalamanu. Il est possible que ce roi ait pris et saccagé Beth-Arbel. Il existait deux villes de ce nom, l’une en Galilée, entre Sepphoris et Tibériade ; l’autre à l’est du Jourdain, dans les environs de Pella.