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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/2128

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[ch. i.]
MICHÉE.

qu’à Juda, elle a pénétré jusqu’à la porte de mon peuple, jusqu’à Jérusalem.


10. Ne l’annoncez pas dans Geth, ne donnez pas un libre cours à vos larmes ; dans la maison de poussière, couvrez-vous de poussière.[1]

11. Et passez confuse d’ignominie, belle habitation. Elle n’est pas sortie, celle qui habite sur la limite ; la maison voisine, qui s’est soutenue, recevra de vous un sujet de lamentation.[2]

12. Parce qu’elle est devenue faible pour le bien, celle qui habite au milieu des amertumes ; parce que le mal est descendu du Seigneur à la porte de Jérusalem.[3]

13. Le bruit du quadrige est un objet de stupeur pour l’habitant de Lachis ; la source du péché de la fille de Sion, c’est qu’en toi se sont trouvés les crimes d’Israël.[4]

14. À cause de cela, elle enverra des messagers à l’héritage de Geth ; mais c’est une maison de mensonge pour tromper les rois d’Israël.[5]

15. Je t’amènerai encore l’héritier, à toi qui habites à Marésa ; jusqu’à Odollam, la gloire d’Israël viendra.[6]

16. Coupe ta chevelure[7], tonds-toi au sujet des fils de tes délices ; sois entièrement chauve comme

    phalasar et de Salmanasar, les Assyriens s’avancèrent dans le royaume de Juda, sous le règne de Sennachérib, qui vint assiéger Jérusalem.

  1. Mich. 1,10 : Ne l’annoncez pas, cette prophétie. Le Prophète fait cette recommandation, pour ne pas donner aux ennemis un sujet de joie. Comparer à 2 Rois, 1, 20. ― Geth ; ville des Philistins. ― * Dans la maison de poussière, traduction du nom propre de ville que renferme l’hébreu : Beth leaphra, c’est-à-dire la localité appelée ailleurs Ophra, dans la tribu de Benjamin.
  2. Mich. 1,11 : Il y a dans le texte hébreu de ce verset plusieurs noms propres de villes qui forment des paronomases très élégantes, mais dont l’auteur de la Vulgate a donné seulement la signification. ― Passez ; littéralement, passez pour vous (transite vobis) ; hébraïsme semblable à la locution des Latins, vade tibi, et à l’idiotisme français va-t’en. Le verbe est au pluriel, parce que son sujet est habitation, nom collectif équivalent à habitants. ― Celle qui habite sur la limite ; Samarie, selon saint Jérôme. Samarie était en effet située sur les confins de la Palestine, du côté des Assyriens. ― La maison voisine ; le royaume de Juda, suivant le même saint docteur. ― Qui s’est soutenue (quæ stetit sibimet) ; Juda a subsisté après la ruine de Samarie par les Assyriens. ― Recevra, etc. ; en voyant ce qui vous est arrivé.
  3. Mich. 1,12 : Parce qu’elle, etc. La maison de Juda s’est trouvée trop faible pour assister Samarie, plongée elle-même dans l’amertume. — Le mal, etc. ; l’ennemi envoyé par le Seigneur est venu jusqu’aux portes de Jérusalem.
  4. Mich. 1,13 : Lachis ; ville méridionale de Juda à laquelle Sennachérib s’attaqua avant d’assiéger Jérusalem (voir 4 Rois, 18, verset 13 et suivants). ― La fille de Sion. Voir, pour le sens de cette expression, Isaïe, 1, 8. ― C’est qu’en toi ; paroles qui s’adressent à la fille de Sion elle-même. Ce changement subit de personne est très fréquent dans le style prophétique.
  5. Mich. 1,14 : L’héritage de Geth ; c’est-à-dire, les Assyriens, qui occupaient alors les villes des Philistins, ou bien, Môrescheth de Geth, comme on lit dans l’hébreu. Môrescheth, qui signifie héritage, était une ville qui appartenait à Geth.
  6. Mich. 1,15 : Marésa ; ville de Juda (voir Josué, 15, vv. 21, 44). ― L’héritier, selon l’hébreu ; le grec porte de même l’article déterminatif. Or cet héritier est l’Assyrien vainqueur. — Odollam ; caverne dans la tribu de Juda (voir 1 Rois, 22, 1) ; mais il s’agit probablement ici de la ville de ce même nom qu’Eusèbe et saint Jérôme mettent à dix milles d’Eleutéropolis, vers l’orient. — La gloire d’Israël ; est mis ici par antiphrase pour la honte et l’ignominie.
  7. Mich. 1,16 : Coupe ta chevelure ; comme la loi (voir Lévitique, 19, 27 ; Deutéronome, 14, 1) défendait