Aller au contenu

Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/2492

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2460
L’ÉVANGILE SELON SAINT LUC.


meura les deux premières années de la captivité de l’Apôtre ; S. Jacques le Mineur, évêque de Jérusalem ; S. Pierre et les autres Apôtres, avec lesquels S. Luc fut en rapport.

3o La sainte Vierge et les parents de S. Jean-Baptiste. C’est à cette dernière source qu’a dû être puisé en particulier le récit des faits qui ont précédé la naissance du Sauveur ; récit dont la couleur toute hébraïque contraste avec le prologue de l’Evangile. Aussi S. Luc atteste-t-il qu’il a remonté jusqu’aux origines, et fait-il remarquer à deux reprises que la mère de Dieu conservait dans son cœur le souvenir de tout ce qu’elle voyait et entendait.

Le troisième évangile offre des marques très nombreuses d’authenticité. On sait que S. Luc était médecin, et qu’il avait fait par conséquent quelques études, qu’il était Gentil d’origine, qu’il fut disciple de S. Paul, qu’il se consacra comme son maître à la conversion des Gentils, enfin qu’après avoir écrit son évangile, il a composé les Actes des Apôtres. Or, ces qualités, ces habitudes d’esprit, ces dispositions, ces particularités, se reflètent d’une manière visible dans le troisième évangile.

1o On reconnaît la profession de l’auteur à la manière dont il parle des maladies et de leur guérison ; et il est facile de constater la culture de son esprit aux qualités de sa composition. — Cet évangile décrit les maladies guéries par le Sauveur avec bien plus de précision que les autres, en des termes qui lui sont propres et qui appartiennent au langage médical de l’époque. En outre, il a plus qu’aucun autre la forme de l’histoire. — Il commence, comme Josèphe, par un prologue, suivant l’usage des Grecs, et par une dédicace à un Théophile qu’il nomme Excellence, ou excellent. Ce Théophile pourrait être un chrétien de Rome ou d’Achaie, honoré d’un emploi civil. Ce pourrait bien être aussi, comme le pense Origène et comme on en trouve des exemples vers cette époque, un personnage fictif, représentant tous les fidèles, désireux de servir et d’aimer Dieu. « Si tu aimes Dieu, c’est à toi qu’il est écrit, » dit S. Ambroise, qui suivait ce sentiment. — L’auteur remonte au commencement des faits évangéliques, et il conduit son récit jusqu’à la fin, en le rattachant aux événements contemporains, et en suivant autant qu’il peut la chronologie. C’est un soin que S. Matthieu avait négligé et dont l’importance commençait à se faire sentir. Déjà S. Marc avait essayé de rétablir cet ordre. S. Luc profite de son travail et cherche à le compléter. Il distribue tout autrement les faits rapportés par S. Matthieu du chapitre viii au chapitre xi. — Il s’efforce aussi de combler les lacunes de ses devanciers. Un tiers de ses récits, cinq miracles et douze paraboles lui appartiennent en propre. Il est le seul qui parle des soixante-douze disciples et de leur mission. C’est peut-être ce qui a fait dire à plusieurs auteurs, à S. Epiphane en particulier, qu’il en faisait partie, bien que S. Luc lui-même semble affirmer le contraire, suivant S. Grégoire le Grand. — Pour le style, quoique son grec ait encore bien des hébraïsmes, surtout au commencement, dans les cantiques en particulier, il est notablement plus pur que celui des écrivains du Nouveau Testament. Il ne les reproduit presque jamais sans leur donner plus de correction et d’élégance.

2o On reconnaît un disciple de S. Paul. — Comme le Docteur des Gentils, il appelle le Sauveur Dominus, « le Seigneur, » titre qui suppose l’habitude de le considérer au ciel, dans sa gloire, plutôt que le souvenir de sa vie sur la terre. — Il insiste sur la nécessité et l’efficacité de la foi, sur l’universalité de la ré-