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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/2891

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INTRODUCTION.

Ce qui a porté S. Paul à écrire aux Hébreux, c’a été : Sa charité pour tous les hommes et le zèle particulier qu’il avait pour le salut de ses compatriotes, selon le témoignage qu’il en rend en divers endroits. L’étendue de la mission qui lui avait été donnée. Les Gentils lui sont désignés comme premier objet de son apostolat, mais les Juifs ne sont pas omis. Dans sa prison de Rome, il pouvait se dire qu’il avait porté le nom du Sauveur devant les nations et devant les magistrats de l’empire ; mais il devait regretter de n’avoir pas pu jusque-là le prêcher à ceux qui auraient dû le reconnaître avant tous les autres. S. Pierre ayant fixé son siège au centre même de la Gentilité, la convention qu’il avait faite autrefois avec S. Paul ne devait plus empêcher celui-ci de s’occuper de la Judée. Arrêté à Jérusalem dans son dernier voyage, au moment où il espérait vaincre les préventions de ses compatriotes, il était naturel qu’au sortir de sa prison l’Apôtre reportât ses vues de ce côté, qu’il se proposât de faire aussitôt qu’il le pourrait ce qu’il avait tenté plus tôt, et que pour disposer les esprits à sa venue, il se fit précéder à Jérusalem, comme il avait fait à Rome, par une sorte de traité, composé à loisir et renfermant l’abrégé de sa doctrine ou le programme de ses prédications.

Ce qui a déterminé S. Paul à traiter dans sa Lettre la question qu’il y traite, c’est l’embarras où il savait que se trouvaient un grand nombre d’Hébreux convertis, relativement au culte extérieur. Les Juifs incrédules cherchaient à les détacher des réunions chrétiennes et à les ramener à eux. Ils représentaient aux fidèles la pauvreté de leur religion, sans éclat et sans prestige. Ils faisaient valoir la renommée du temple, la multitude des adorateurs aux grandes solennités, le nombre et l’autorité des prêtres, la pompe des cérémonies : autant d’objets pour lesquels les Israélites, même baptisés, avaient conservé beaucoup d’estime et d’affection. Aux sollicitations, ils joignaient les menaces, les vexations et quelquefois la violence. S. Jacques venait de subir le martyre. On pouvait être en 62 ou 63. S. Paul, justifié au tribunal de l’empereur, sortait de prison ou se voyait à la veille d’en sortir et songeait à repasser bientôt en Orient. Informé de l’état des esprits, il croit de son devoir d’instruire, d’exhorter, d’encourager les fidèles de Judée qui ont confiance en lui. Sans condamner ceux qui jugeraient devoir pratiquer encore quelques-unes des observances anciennes, il fait sentir à tous quelle serait leur erreur de s’y croire obligés et quel tort ils se feraient en revenant en arrière par respect humain, après les engagements qu’ils ont pris et les faveurs dont ils se voient comblés. II montre que l’Ancien Testament n’était que la figure et l’ébauche de la religion véritable et que le christianisme en est la perfection. La gloire du peuple juif, c’était sa loi et son culte : sa loi qui lui venait de Dieu par les anges et par Moïse, son culte dont Aaron avait reçu la charge et exercé le Pontificat. Mais le peuple chrétien a, dans le Fils de Dieu, un législateur bien supérieur aux anges et à Moïse, et un Pontife bien plus parfait qu’Aaron et toute sa race. Cette dernière considération est celle sur laquelle l’Apôtre insiste le plus. Après avoir montré l’excellence du Pontificat du Sauveur et le mérite infini de son sacrifice, il arrive à cette conclusion que l’Ancien Testament n’avait que des ombres ; tandis que nous avons la réalité. Tel est l’objet de la première partie, i-x, 18. La seconde, moins étendue et toute morale, résulte de la première ; elle a pour but de faire sentir la nécessité de la foi, x, 18-xi, 40, et des bonnes œuvres, xii, 1-xiii, 25. Elle est aussi énergique que la première est sublime. (L. Bacuez.)