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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/2990

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deux mois lui fut aussi donné.

6. Elle ouvrit sa bouche à des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom et son tabernacle, et ceux qui habitent dans le ciel.

7. Il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre : et il lui fut donné puissance sur toute tribu, sur tout peuple, sur toute langue, et sur toute nation ;

8. Et ils l’adorèrent, tous ceux qui habitent la terre, dont les noms ne sont pas écrits dans le livre de vie de l’Agneau, qui a été immolé dès l’origine du monde.[1]

9. Si quelqu’un a des oreilles qu’il entende.

10. Celui qui aura mené en captivité sera captif ; celui qui aura tué par le glaive, il faut qu’il soit tué par le glaive. C’est ici la patience et la foi des saints.

11. Je vis une autre bête montant de la terre ; elle avait deux cornes semblables à celle de l’Agneau, et elle parlait comme le dragon.[2]

12. Elle exerçait toute la puissance de la première bête en sa présence, et elle fit que la terre et ceux qui l’habitent adorèrent la première bête dont la plaie avait été guérie.

13. Elle fit de grands prodiges, jusqu’à faire descendre le feu du ciel sur la terre en présence des hommes.

14. Et elle séduisit ceux qui habitaient sur la terre par les prodiges qu’elle eut le pouvoir de faire en présence de la bête, disant aux habitants de la terre de faire une image à la bête qui a reçu une blessure du glaive, et qui a conservé la vie.

15. Il lui fut même donné d’animer l’image de la bête, de faire parler l’image de la bête, et de faire que tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête seraient tués.

16. Elle fera encore que les petits et les grands, les riches et les pauvres, les hommes libres et les esclaves, aient tous le caractère de la bête en leur main droite et sur leur front ;[3]

17. Et que personne ne puisse acheter ni vendre, que celui qui aura le caractère, ou le nom de la bête, ou le nombre de son nom.

18. C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence compte le nombre de la bête ; car c’est le nombre d’un homme, et son nombre est six cent soixante-six.[4]

  1. Ap. 13,8 : Qui a été immolé dès l’origine du monde ; soit par rapport au décret éternel de sa passion et de sa mort, soit par rapport aux souffrances des justes de l’Ancien Testament, lesquelles étaient autant de figures des siennes, soit enfin par rapport au mérite de sa mort, qui a été appliqué aux saints dès le commencement du monde. D’autres, en vertu d’une hyperbate assez ordinaire au style biblique, traduisent : Dont les noms ne sont pas écrits dès l’origine du monde dans le livre de l’Agneau qui a été immolé. Cette interprétation est encore fondée sur un passage de saint Jean lui-même, qui dit, voir Apocalypse, 17, 18 : Dont les noms ne sont pas écrits dans le livre de vie dès la fondation du monde.
  2. Ap. 13,11 : Cornelius a Lapide (1 565-1 637) écrit ceci : « Saint Ambroise, Tertullien et d’autres… entendent par cette Bête un insigne imposteur qui sera comme un précurseur et un héraut de l’Antéchrist, comme saint Jean-Baptiste le fut du Christ… Joseph Acosta (De temp. Noviss. II, 17) dit : Ces deux cornes sont celles de la dignité épiscopale, celle de la mitre [qui est en effet bicorne]. Il semblerait donc que ce pseudo-prophète sera un évêque apostat et se faisant passer pour religieux, traître à l’état ecclésiastique, qui propagera dans le peuple par ses discours le venin du dragon. » (Corn. In Apoc., XIII, 11). Saint Thomas d’Aquin (opuscule 68) précise : « Cela revient à dire : Sa doctrine avait la ressemblance de celle de l’Agneau, à savoir le Christ… mais en réalité il s’agissait des cornes du diable, c’est-à-dire de sa doctrine fétide… » ― « “Et elle parlait comme le Dragon. Celle qui, chrétienne seulement par le nom, présente l’agneau pour répandre secrètement les poisons du dragon, c’est l’Église hérétique ; en effet, elle n’imiterait pas la ressemblance de l’agneau si elle parlait ouvertement. Elle feint maintenant l’esprit chrétien, afin de tromper plus sûrement les imprudents ; c’est pour cela que le Seigneur a dit : “Méfiez-vous des faux prophètes(voir Matthieu, 7, 15). » (Saint Césaire d’Arles) ― « Ses cornes sont semblables à celles d’un agneau ; elle n’a pas recours à la force matérielle ; mais son langage est celui d’un serpent : ses armes sont la ruse et la séduction. » (CRAMPON, 1885) ― « Cette bête qui s’élèvera de terre est un faux prophète (voir Apocalypse, 16, 13 ; 19, 20 ; 20, 10) qui annoncera le fils de perdition comme étant le Christ, et il en sera le bras duquel l’Antéchrist opérera des choses surprenantes tant par des signes que par la puissance de ses armes. (…) Il est dit que cette bête aura deux cornes semblables à celles de l’Agneau, parce qu’elle sera un chrétien apostat et qu’elle s’élèvera secrètement et frauduleusement. Elle (…) occupera le siège pontifical, tuera le dernier pape successeur légitime de saint Pierre (…). Alors l’Église sera dispersée dans les solitudes et les lieux déserts, (…) parce que le pasteur aura été frappé, et que les brebis seront dispersées. Car il en sera de même qu’au temps de la Passion de Notre Seigneur. L’Église latine sera déchirée, et à l’exception des élus, il y aura défection totale de la foi. (…) « (HOLZHAUSER)
  3. Ap. 13,16 : Les païens avaient coutume de porter sur leur poignet ou sur leur front le nom de la fausse divinité à laquelle ils se consacraient.
  4. Ap. 13,18 : Son nombre est 666. « Les anciens aimaient à désigner les personnes par des caractères mystérieux et par des chiffres. Ce dernier mode de désignation était