inabordable de trois côtés. Sa situation est tellement forte qu’elle fut la seule qui
put résister aux Hébreux jusqu’au temps de David. Une vallée lui forme un fossé
naturel et très profond au sud ; c’est la vallée de Gê-Hinnom, Ben Hinnom ou du fils
d’Hinnom. Une autre vallée, également profonde et plus sombre, d’où son nom de
Vallée noire ou Cédron, enveloppe la ville à l’est et va rejoindre la vallée de Ben
Hinnom, pour se rendre de là, par d’étroits défilés, dans la mer Morte. Du temps
de David, ces gorges devaient être encore plus profondes, avant que les débris accumulés
de tant de siècles n’en eussent haussé le niveau. Elles font de Jérusalem
une sorte de camp retranché et comme imprenable. En même temps, elles l’ont
toujours empêché de s’étendre au nord-est, à l’est et au sud. Ces deux ravins devinrent
comme sa nécropole et ils sont aujourd’hui tout remplis de tombeaux. Le
Cédron et le Gê-Hinnom, en resserrant la capitale de la Judée dans leurs étroites
limites, lui donnèrent cette unité compacte, que chante le Psalmiste :
Elle renfermait néanmoins plusieurs quartiers, séparés dans la partie méridionale par
la vallée de Tyropæon ou des Fromagers, aujourd’hui à peu près complètement
comblée. Elle pouvait d’ailleurs s’agrandira l’ouest et au nord-ouest, et c’est ce qui
a eu lieu. C’est là un avantage qu’elle avait sur plusieurs autres villes de Palestine
qui, bâties sur la crête d’une montagne, comme Hébron, Samarie, Jezrael, ou dans
une étroite vallée, comme Sichem, ne pouvaient pas facilement se développer. Elle
avait un débouché pour son excédent de population dans ce plateau occidental qui
la joint au plateau central de la Judée, malgré une légère dépression. Dès le temps
de Sàlomon, les jardins devaient s’étendre sur ce plateau.
Du reste, même de ce côté, Jérusalem est défendue par une barrière de hauteurs qui en masquent la vue jusqu’à une très courte distance de la ville et qui ont dû toujours lui servir comme un rempart ou comme des forteresses avancées.
En tout temps, la force naturelle de Jérusalem a été augmentée par les murailles et les fortifications artificielles qu’elle a toujours eues et qui lui ont toujours été nécessaires pour la protéger contre ses ennemis, autrefois comme aujourd’hui contre les Bédouins, dont les razzias ne sont arrêtées que par des murs et, à diverses époques, contre les conquérants qui ont voulu s’en rendre maîtres. Ni la nature ni les hommes n’ont pu la sauver de tous ses assaillants : elle a été prise dix-sept fois et la profondeur des ruines des maisons et des débris de toute espèce sur lesquels s’élève la ville actuelle est de 10 à 15 mètres. Voir Lamentations, iv, 1 ; Psaume lxxviii, 1. Il est vrai que les tremblements de terre ont contribué pour leur part à amonceler les décombres, Amos, i, 1 ; Zacharie, xiv, 5.
La véritable histoire de Jérusalem ne commence guère qu’à David. Jusqu’à ce prince, elle n’avait pas été une ville Israélite et elle n’avait joué aucun rôle dans la formation du peuple de Dieu. Tandis que la plupart des peuples célèbres se sont élevés et ont grandi autour de la ville qui les a vu naître et qui leur a servi comme de berceau, les Babyloniens à Babylone, les Assyriens à Ninive, les Egyptiens à Thèbes, les Athéniens à Athènes, les Latins à Rome, au contraire, les Israélites ne sont pas devenus une nation à Jérusalem. Cette cité, de même que Paris dans les Gaules, n’a été pour rien dans leur premier développement. Dans les temps primitifs, Hébron, Béthel, Sichem étaient célèbres, comme aux commencements de notre histoire, Lyon, Marseille, Narbonne, et Jérusalem était encore à peu près inconnue. Josué, Othoniel, Débora, Samuel, Saül avaient souvent passé dans son voisinage, vu ses tours et ses fortifications, mais ils n’y avaient jeté qu’un regard et avaient été loin sans doute de soupçonner l’avenir magnifique qui lui était réservé et la place importante qu’elle devait occuper dans leur histoire politique et religieuse. Si, en effet, l’origine de Jérusalem avait été basse et obscure, comme le dit Ezéchiel, xvi, 3-5, la suite de son histoire devait avoir un éclat incomparable, et cette cité d’origine chananéenne était appelée à devenir la reine des cités. Ce qui lui valut une si grande gloire, c’est qu’elle devint la capitale du peuple élu et surtout que ce fut dans son sein que s’éleva le temple du vrai Dieu. Les livres historiques de l’Ancien Testament nous racontent le rôle politique que joua Jérusalem à partir du règne de David ; ils nous font connaître aussi son importance religieuse, mais c’est surtout dans les Psaumes et dans les prophètes qu’elle nous apparaît, sous ce dernier rapport, dans son véritable jour