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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/3057

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APPENDICE.


sieurs autres anciens, saint Joseph avait eu des enfants d’une autre femme avant son mariage avec la sainte Vierge, et que ce sont ces enfants que l’Ecriture appelle les frères de Jésus-Christ. Origène remarque à ce sujet que c’est le faux évangile de saint Pierre ou celui de saint Jacques qui a donné lieu à cette opinion. Il est certain qu’elle n’est nullement fondée sur la tradition, et il est très vraisemblable que ceux qui l’ont adoptée l’ont fait uniquement parce qu’ils ont cru devoir prendre ici le mot frère dans sa signification propre, en l’étendant seulement aux frères de lits différents. Les interprètes ont donc pu avec raison dresser le tableau généalogique suivant, lequel montre que les prétendus frères de Jésus n’étaient que ses cousins.

Anne. Joachim.
   
     
  Cléophas ou Alphée, Marie.   Marie. Joseph.  
     
     
Jacques, apôtre. Joseph, Jude, apôtre, Siméon, évêq. Jésus.
  de Jérusalem.  

Nos adversaires, nous ne l’ignorons pas, ont opposé à nos arguments des difficultés plus ou moins spécieuses ; mais ils sont forcés de convenir que ces difficultés ne dépassent pas les limites de l’hypothèse, et que sous ce rapport même notre sentiment est le mieux fondé en raisons. Quoi qu’il en soit, nous avons pour nous toute l’antiquité chrétienne, qui a toujours cru que Marie avait conservé sa virginité après avoir enfanté Jésus-Christ. Or, un pareil témoignage, si on consulte la vraie critique, doit l’emporter sur toutes les hypothèses, même les plus séduisantes. (J.-B. Glaire.)

Note 10, p. 2358 [Matt., xiii, 3). — LES PARABOLES DE L’ÉVANGILE.

« La beauté et le charme, même littéraire, des paraboles de l’Évangile m’ont attiré… La parabole évangélique est un petit drame, et je n’hésite pas à dire qu’à considérer la vérité des caractères et de l’action, ces drames sont plus vivants et plus animés que les apologues les plus admirés. Ils représentent la vie du monde et de la terre aussi bien que s’ils n’étaient pas destinés à nous enseigner la vie du ciel… Les caractères que j’admire dans les paraboles évangéliques [sont] la variété des détails, la vivacité de l’action, et, de plus, l’élévation et la pureté de la morale ; c’est là ce qui fait la divine supériorité de la parabole évangélique sur l’apologue oriental… La leçon que donne la fable est d’une morale médiocre et toute mondaine : la leçon évangélique indique à l’homme la voie à suivre pour arriver au ciel. La parabole a toutes les formes et tous les agréments de la fable ; elle a de plus une morale toute divine… Nulle part ce caractère de la parabole, égale à l’apologue pour la forme, supérieure pour la morale, n’éclate mieux que dans les grandes paraboles de l’enfant prodigue ou du mauvais riche. L’enfant prodigue est passé en tradition dans la litérature ; le mauvais riche est entré dans la peinture, dont il est devenu un des sujets favoris… L’action est vive et frappante ; elle grave profondément dans l’esprit la morale qu’elle contient ; c’est un drame que personne n’oublie une fois qu’il l’a vu et qui rappelle à chacun de nous la leçon qu’il exprime… Il y a dans les auteurs anciens bien des récits allégoriques destinés à exprimer des vérités morales ou métaphysiques. La Grèce aimait ces mythes, à ce point même qu’elle en oubliait le sens pour la forme ; Platon se servait souvent de ces fables symboliques ; mais il n’y a aucun de ces récits mythologiques qui, même dans Platon, puissent être comparés aux paraboles évangéliques. Ils n’ont ni la simplicité ravissante, ni la vérité expressive, ni l’utilité et la clarté morale de la parabole. » (Saint-Marc Girardin.)


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