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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/422

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INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ.


moins fécond que le nord ; les Hébreux l’appelaient Negeb, d’un mot qui paraît avoir signifié primitivement sécheresse. En s’éloignant du sud, on voit l’aridité diminuer ; cependant l’aspect du paysage est toujours monotone et sévère : des collines, de forme ronde, s’élèvent de tous côtés et présentent à l’œil le roc nu, d’une couleur grisâtre. Le printemps couvre un moment de verdure ces rochers chauves et remplit les ravins d’eau écumante. Après les pluies de novembre, l’herbe pousse avec vigueur, et en décembre le sol est tout couvert de végétation ; mais pendant l’été et pendant l’automne, d’Hébron jusqu’à Béthel, tout est aride et désolé. Les vallées de dénudation qui séparent les collines sont néanmoins productives : elles sont plantées de figuiers et d’oliviers et ordinairement couvertes de blés ou de dourra, dont les longues tiges, semblables à des roseaux, demeurent après la moisson, sur le sol pierreux, jusqu’à l’année suivante. Sur le versant occidental des montagnes, la végétation est plus abondante, parce qu’elle est entretenue par les fraîches brises qui soufflent de la mer.

A mesure qu’on avance vers le nord, la fertilité augmente : l’eau devient moins rare, et, entre les collines, s’étendent de petites plaines très productives. La plaine de Jezraël est fort riche, comme celle de Saron et surtout celle de la Séphéla. Seul, aujourd’hui, le bois fait partout défaut, excepté sur le Carmel et sur les montagnes de la Galilée. Ailleurs, on ne rencontre guère que l’olivier, qu’on cultive pour son fruit.

On commence les semailles en octobre, après les premières pluies, et on les continue jusqu’en janvier. Dans la vallée du Jourdain, la moisson commence quelquefois à la fin de mars ; dans les montagnes de la Judée, un mois plus tard ; dans le Liban, rarement avant juin ; elle n’est pas achevée avant la fin de juillet sur les parties les plus élevées de cette montagne. Les vendanges se font à la fin d’août et pendant le mois de septembre.

La flore de la Palestine est, pour le fond, celle de l’Asie-Mineure, l’une des plus variées et des plus riches du globe. Grâce aux caractères si divers de la contrée, à la différence des altitudes et des positions, elle offre, dans la vallée du Jourdain, les plantes des tropiques, et ailleurs celles du bassin de la Méditerranée et de l’Europe centrale. Le cèdre ne se rencontre que sur le Liban ; le chêne, quoique relativement rare, est l’arbre le plus commun en Palestine ; il croît partout et spécialement dans le nord. Le térébinthe peut atteindre des proportions gigantesques, comme celui de Mambré. Sur les bords des cours d’eaux, les peupliers sont nombreux, ainsi que les lauriers-roses qui se couvrent à profusion de fleurs. On voit, çà et là, le platane, le pin, le cyprès, plus encore le pistachier, le jujubier, le caroubier et le sycomore, dont le bois était très recherché des Egyptiens pour confectionner des cercueils. L’olivier est partout cultivé avec soin. Le figuier produit aussi une des récoltes importantes du pays. On en recueille les premiers fruits, qui sont regardés comme les meilleurs, vers le mois de juin, les seconds en août, les troisièmes quand les feuilles sont tombées, ce qui peut n’arriver qu’en janvier. La vigne réussit dans toutes les parties de la Palestine et spécialement dans le sud, dans les environs d’Hébron, où elle porte des raisins énormes. Presque tous les arbres fruitiers prospèrent dans ce pays ; le pommier, le poirier, le cognassier, l’amandier, le noyer, le pêcher, l’abricotier, le grenadier et l’oranger ne sont guère cultivés que dans les jardins ; le bananier ne se trouve que près de la Méditerranée ; le palmier, autrefois si commun, a presque totalement disparu aujourd’hui ; il n’en reste