Aller au contenu

Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
INTRODUCTION AU PENTATEUQUE.

Et ce qu’il y a de particulièrement remarquable dans l’histoire de la législation hébraïque, ce qui en confirme l’antiquité et l’origine d’une manière frappante, c’est qu’elle n’est pas faite, comme les autres législations, à l’image du peuple qu’elle régit. Elle ne sort pas de lui, comme le fruit de l’arbre qui le porte, elle n’est pas l’expression de ses idées et de ses penchants, elle est, au contraire, en opposition absolue avec ses goûts et ses inclinations, et cependant il s’y soumet. Il est comme invinciblement porté à l’idolâtrie, il y tombe souvent, il n’y persiste jamais. Qui est-ce qui l’en retire et l’empêche de s’y perdre ? La loi. Supprimez la loi, supprimez Moïse, supprimez le Pentateuque, et rien n’est intelligible dans son histoire.

Les Psaumes sont tout imprégnés de la loi de Moïse, ainsi que les livres sapientiaux. Les Psaumes descriptifs et historiques ne sont qu’un résumé des faits racontés par Moïse. Le Psautier est le Pentateuque mis en prières.

Tous les prophètes connaissent les livres de Moïse, et y puisent fréquemment. Enfin le Nouveau Testament confirme le témoignage de l’Ancien et Notre Seigneur lui-même cite Moïse comme l’auteur du Pentateuque.

Une preuve nouvelle et importante de l’origine mosaïque de ce livre nous est fournie par les monuments égyptiens. L’exactitude minutieuse du texte n’atteste pas seulement une connaissance parfaite de l’Egypte, mais la connaissance de l’Egypte telle qu’elle était sous les Ramsès, à l’époque de l’Exode. Ce qui est dit de l’état du pays, des principales villes de la frontière, de la composition de l’armée, est vrai de l’époque des Ramsès et non de l’époque des pharaons contemporains de Salomon et de ses successeurs. Or, une telle exactitude ne peut être le résultat d’une tradition qui se serait transmise à travers une durée de plusieurs siècles ; elle nous reporte au temps de Moïse.

Le Deutéronome, en particulier, contient de nombreuses allusions aux usages de l’Egypte. Il interdit aux Hébreux, Deut., iv, 15-18, les œuvres de sculpture qu’on prodiguait dans l’empire des pharaons, de peur qu’elles ne les séduisent et ne les entraînent à l’idolâtrie. Il défend aussi au roi, quand il y en aura un en Israël, de ramener son peuple en Egypte, xvii, 16, Voilà, certes, une crainte qu’on ne peut avoir conçue que dans le désert, lorsque les Hébreux, naguère sortis de la vallée du Nil, et découragés par les privations qu’ils avaient à endurer, comme par les obstacles qu’ils rencontraient sur la route de la Terre Promise, étaient tentés de retourner dans la terre de