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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/482

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4. Or, il les laissa, afin que par eux il éprouvât Israël, en voyant s’il écouterait les commandements du Seigneur, qu’il avait donnés à leurs pères par l’entremise de Moïse, ou non.

5. C’est pourquoi les enfants d’Israël habitèrent au milieu du Chananéen, de l’Héthéen, de l’Amorrhéen, du Phérézéen, de l’Hévéen et du Jébuséen ;

6. Ils prirent pour femmes, leurs filles, et ils donnèrent eux-mêmes leurs propres filles à leurs fils, et ils servirent leurs dieux.

7. Ainsi, ils firent le mal en la présence du Seigneur, et ils oublièrent leur Dieu, servant les Baalim et les Astaroth.[1]

8. Or, irrité contre Israël, le Seigneur les livra aux mains de Chusan Rasathaïm, roi de Mésopotamie, et ils le servirent pendant huit ans.[2]

9. Et ils crièrent au Seigneur, qui leur suscita un sauveur qui les délivra, Othoniel, fils de Cénez, frère puîné de Caleb.[3]

10. Et l’esprit du Seigneur fut en lui, et il jugea Israël. Il s’en alla au combat, et le Seigneur livra en ses mains Chusan Rasathaïm, roi de Syrie, et il le subjugua.

11. Et le pays se reposa durant quarante ans, et Othoniel, fils de Cénez, mourut.

12. Mais les enfants d’Israël recommencèrent à faire le mal en la présence du Seigneur, qui fortifia contre eux Eglon, roi de Moab, parce qu’ils firent le mal en sa présence.

13. Et il joignit à lui les enfants d’Ammon et d’Amalec ; et il alla et battit Israël, et il se rendit maître de la ville des Palmes.[4]

14. Et les enfants d’Israël servirent Eglon, roi de Moab, pendant dix-huit ans ;

15. Et après cela ils crièrent au Seigneur, qui leur suscita un sauveur du nom d’Aod, fils de Géra, fils de Jémini, qui se servait des deux mains comme de la droite. Or, les enfants d’Israël envoyèrent par lui des présents à Eglon, roi de Moab.[5]

  1. Juges 3,7 : Baalim. Voir Juges, 2, 11. ― Astaroth, pluriel féminin hébraïque, signifie les idoles de la divinité, qui dans le texte original se produit sous la forme aschtoreth, ou mieux haschthoreth, et dans la Vulgate sous celle d’Astharthé. L’hébreu lit ici aschéroth, qui veut dire bois sacré, parce qu’on l’adorait plus particulièrement dans les bois. ― Astoreth ou Astarté avait beaucoup de traits de ressemblance avec Vénus. Elle est souvent nommée dans le livre des Juges, en compagnie de Baal. Il y avait d’ailleurs plusieurs Astoreths ou Astartés, comme il y avait plusieurs Baals : chaque Baal avait son Astarté, la multiplication du dieu impliquant la multiplication de la déesse. De même que Baal était quelquefois le ciel, Astarté était aussi la terre fécondée par le ciel. Mais de nombreux indices montrent aussi qu’elle est souvent la lune, emblème de la beauté féminine, de même que le soleil, qui fait pousser les plantes et dessèche, est le symbole de la force et de la destruction ; elle est le principe passif et productif, la mère, comme Baal est le principe actif et générateur, le père. Une figurine en albâtre du Musée du Louvre représente Astarté portant un croissant d’or au-dessus de sa tête, mais on la représente le plus souvent sous la forme d’un pieu symbolique.
  2. Juges 3,8 : Chusan-Rasathaïm ne nous est connu que par ce passage du livre des Juges. ― Sur Amalec, voit Exode, 17, 8.
  3. Juges 3,9 : Un sauveur qui les délivra ; ce qui semblerait donner à ce verbe le mot Seigneur pour sujet. Mais voir Josué, 24, 7.
  4. Juges 3,13 : La ville des Palmes, probablement Jéricho.
  5. Juges 3,15 : Aod… se servait des deux mains comme de la droite. Aod n’était pas le seul Israélite habitué à se servir également des deux mains dans le combat. Les Benjamites, à la tribu desquels appartenait Aod, étaient célèbres comme archers et comme frondeurs, comme également habiles à se servir de la main gauche et de la main droite, et capables de frapper un cheveu avec leur fronde, voir Juges, 20, 16 ; 1 Paralipomènes, 12, 2. Mucius Scævola,