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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/491

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car ils ont dit : Le Seigneur nous a retirés de l’Égypte. Mais maintenant le Seigneur nous a abandonnés, et nous a livrés à la main de Madian.

14. Et le Seigneur le regarda et dit : Va avec cette tienne force, et tu délivreras Israël de la main de Madian. Sache que je t’ai envoyé.[1]

15. Gédéon répondant, dit : Je vous conjure, mon seigneur, comment délivrerai-je Israël ? Voilà que ma famille est la dernière en Manassé, et que moi je suis le plus petit dans la maison de mon père.

16. Et le Seigneur lui dit : Moi-même, je serai avec toi, et tu battras Madian comme un seul homme.

17. Alors Gédéon : Si j’ai, dit-il, trouvé grâce devant vous, donnez-moi un signe que c’est vous qui me parlez.

18. Et ne vous retirez point d’ici, jusqu’à ce que je retourne vers vous, portant mon sacrifice, et vous l’offrant. L’ange lui répondit : Oui, j’attendrai ton retour.

19. C’est pourquoi Gédéon entra chez lui, et fit cuire un chevreau et des pains azymes d’une mesure de farine,• et plaçant la chair dans la corbeille, et le jus de la chair dans la marmite, il porta le tout sous le chêne, et le lui offrit.[2]

20. L’ange du Seigneur lui dit : Prends la chair et les pains azymes, et pose-les sur cette pierre, et verse le jus dessus. Lorsqu’il eut fait ainsi,[3]

21. L’ange du Seigneur étendit le bout de la verge qu’il tenait à la main, et il toucha la chair et les pains azymes : et le feu monta de la pierre, et consuma la chair et les pains azymes ; mais l’ange du Seigneur disparut de devant ses yeux.

22. Et Gédéon, voyant que c’était l’ange du Seigneur, dit : Hélas ! Seigneur mon Dieu, j’ai vu l’ange du Seigneur face à face.

23. Et le Seigneur lui répondit : Paix avec toi ! ne crains point, tu ne mourras pas.

24. Gédéon bâtit donc là un autel au Seigneur et il l’appela Paix du Seigneur, jusqu’au présent jour. Et lorsqu’il était encore à Ephra, qui est à la famille d’Ezri,[4]

25. Le Seigneur lui dit en cette nuit-là : Prends le taureau de ton père et un autre taureau de sept ans, et tu détruiras l’autel de Baal, qui est à ton père ; et le bois qui est autour de l’autel, coupe-le.[5]

  1. Juges 6,14 : Voir 1 Rois, 12, 11. ― Va avec cette tienne force. Nous avons cru devoir conserver cette locution, qui se trouve dans toutes les anciennes versions françaises, et qu’aucune autre ne saurait convenablement remplacer.
  2. Juges 6,19 : Un chevreau. Voir 1 Rois, note 16.20.
  3. Juges 6,20-21 : Pour lui offrir à manger, parce qu’il ne savait pas que c’était un ange, disent les uns ; pour offrir un sacrifice à Dieu, disent les autres, en plus grand nombre. Mais les détails donnés, voir Juges, 6, 19, indiquent un repas, non un sacrifice, car dans le sacrifice on n’apportait pas la victime cuite.
  4. Juges 6,24 : Jusqu’au présent, etc. Il y a devant cette expression l’ellipse de la phrase : Et il a été ainsi appelé. Comparer à Juges, 1, 26.
  5. Juges 6,25 : Baal. Baal était le principal dieu chananéen. Baal signifie le Seigneur, le Maître, et ce nom devait être un des noms primitifs du vrai Dieu. On le représenta d’abord sous la forme d’une pierre conique, voir 4 Rois, note 3.2. Dans les derniers temps, on le figura la tête entourée de rayons. C’était en effet le soleil divinisé, et aussi la nature considérée comme dieu. On distingua un grand nombre de Baals, qu’on considéra peu à peu comme des dieux différents, mais qui n’étaient en réalité que des personnifications des attributs du baal principal ou bien ce Baal honoré en des lieux différents. Considéré comme présidant aux traités et aux alliances, il devint Baal-Berith, voir Juges, 9, 4 ; comme roi, il prit chez les Ammonites le nom de Moloch, Milcom ou Malkom ; comme dieu des mouches, ces insectes si nombreux et si désagréables en Palestine, il fut appelé Béelzébub, voir 4 Rois, 1, 2. Sur le mont Hermon, on l’appelait Baalhermon, voir Juges, 3, 3, et Baalgad : à Hazor, il devenait Baalhazor, voir 2 Rois, 13, 23 ; à Péor ou Phégor, Béelphégor ; comme maître des cieux, c’était Baal-samaïm ; comme dieu-soleil, c’était Baal-salakh, le dieu qui lance ses rayons ou Baal-haman, le dieu flamboyant. Le Baal,