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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/93

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[ch. xxvii.]
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La Genèse.

10.  Et que, quand tu l’auras présenté, et qu’il en aura mangé, il te bénisse avant qu’il meure.

11. Celui-ci lui répondit : Vous savez qu’Esaü mon frère est un homme velu, et moi, je ne le suis pas :

12. Si mon père me touche et me reconnaît, je crains qu’il ne pense que j’ai voulu me jouer de lui, et que je n’attire sur moi une malédiction au lieu d’une bénédiction.

13. Alors sa mère : Sur moi soit, lui dit-elle, cette malédiction, ô mon fils : seulement écoute ma voix ; va, et apporte ce que j’ai dit.

14. Il alla, l’apporta et le donna à sa mère. Celle-ci prépara un mets, comme elle savait que son père les voulait.

15. Puis elle le revêtit des plus précieux vêtements d’Esaü qu’elle avait auprès d’elle dans la maison ;

16. Et elle lui mit la peau des chevreaux autour des mains, et lui en couvrit la partie nue du cou.

17. Elle lui donna ensuite le mets, et lui remit les pains qu’elle avait fait cuire.

18. Les ayant apportés, il dit à Isaac : Mon père. Et celui-ci répondit : J’entends. Qui es-tu, mon fils ?

19. Et Jacob reprit : Je suis votre premier-né Esaü : j’ai fait comme vous m’avez commandé ; levez-vous, asseyez-vous et mangez de ma chasse, afin que votre âme me bénisse.

20. Et de nouveau Isaac à son fils : Comment, dit-il, as-tu pu en trouver si tôt, mon fils ? Il répondit : La volonté de Dieu a été que ce que je cherchais, est venu soudain au-devant de moi.

21. Isaac dit encore : Approche d’ici, que je te touche, mon fils, et que je reconnaisse si tu es mon fils Esaü, ou non.

22. Celui-ci s’approcha de son père. Or, l’ayant touché, Isaac dit : La voix est certainement la voix de Jacob ; mais les mains sont les mains d’Esaü.

23. Et il ne le reconnut point, parce que ses mains velues reproduisaient celles de son aîné. C’est pourquoi, le bénissant,

24. Il dit : Toi, tu es mon fils Esaü ? Il répondit : Je le suis.

25. Alors Isaac : Apporte-moi, dit-il, le mets de ta chasse, ô mon fils, afin que mon âme te bénisse. Lorsqu’il eut mangé le mets présenté, Jacob lui présenta aussi du vin ; l’ayant bu,

26. Il lui dit : Approche-toi de moi, et donne-moi un baiser, mon fils.

27. Il s’approcha, et il le baisa. Et dès qu’Isaac sentit la bonne odeur de ses vêtements, le bénissant, il dit : Voici que l’odeur qui s’exhale de mon fils est comme l’odeur d’un champ plein qu’a béni le Seigneur.[1]

28. Que Dieu te donne, de la rosée du ciel et de la graisse de la terre, une abondance de blé et de vin.

29. Et que les peuples te ser-[2]

  1. Gn. 27,27 : L’odeur d’un champ. Les plantes en Orient sont très aromatiques et au printemps les champs de la Palestine sont complètement couverts de fleurs.
  2. Gn. 27,29 : Se prosternent devant ; littéralement : t’adorent. Voir Genèse, 18, 2.