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Page:La vie parisienne à travers le XIXe siècle, 1900.djvu/14

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quaient d’ouvrage venaient faire entendre leurs griefs, ceux-ci réclamant l’expulsion des étrangers qu’ils accusaient de les évincer dans les ateliers communaux de terrassement, ceux-là parlant déjà des revendications sociales. D’autres, un peu mieux partagés, qui travaillaient à la réfection du pavé de la ville, aux talus du Champ-de-Mars, aux fossés des Champs-Élysées, à l’achèvement ou à la restauration des monuments, grâce au crédit de 1 400 000 francs voté par les Chambres, ne se trouvaient pas satisfaits et exigeaient l’augmentation des salaires, la diminution des heures de travail, surtout l’abolition des machines, qu’ils considéraient comme une concurrence odieusement déloyale à la main-d’œuvre. À ces manifestants se joignaient les jeunes gens des écoles, futurs avocats et magistrats, ou députés en herbe, qui portaient en triomphe au Panthéon les bustes de Ney, de Manuel, de Foy, ou prononçaient sur les places publiques l’éloge funèbre des quatre sergents de la Rochelle. Enfin les jacobins, meneurs des sociétés secrètes et principalement des Amis du peuple, qui avaient leur siège au manège lPellier, dans la rue Montmartre, poussaient au renversement du trône des d’Orléans, avant même que la nouvelle royauté s’y fût assise définitivement,


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MÉDAILLE FRAPPÉE À L’OCCASION DES JOURNÉES DE JUILLET 1830
(Musée de la Monnaie.)

et proclamaient dans leurs réunions la république, en préparant des démonstrations si violentes que l’autorité dut fermer leur salle.

Il fallait pour contenir cette agitation, qu’augmentait encore le procès des ministres de Charles X, des hommes énergiques à la tête des deux préfectures, sachant à la fois et suivant les circonstances endiguer les courants populaires, leur résister ou les diriger et, le cas échéant, ne pas céder au gouvernement et au Parlement. peu favorables l’un et l’autre à la milice urbaine, dont La Fayette avait le commandement et que Paris, jaloux de cette prérogative, regardait comme la garantie de ses libertés.

Ni Odilon-Barrot, qui succéda au comte de Laborde. ni Girod (de l’Ain) qui remplaça Bavoux, ne furent capables le répondre aux besoins de la situation. Leur passé politique les rendait d’ailleurs peu sympathiques aux masses, qui ne voyaient en eux que des ambitions naissantes ou déjà parvenues. La tâche qu’ils assumèrent était, au reste, ingrate, ils ne pouvaient se dissimuler en effet qu’ils ne remplissaient qu’un rôle de passage où tout devait être écueil pour eux. Odilon-Barrot avait des intentions sincères et des inspirations louables, mais, de l’aveu même de ses amis, il était peu versé dans la science des affaires administra-