Page:Labé - Élégies et Sonnets, Sansot, 1910.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
59
ÉLÉGIES


De celle là, qui plus docte que sage,
Auec Pallas comparoit son ouvrage.
Qui m’ust vu lors en armes fiere aller,
Porter la lance et bois faire voler,
Le deuoir faire en l’estour furieus,
Piquer, volter le cheval glorieus,
Pour Bradamante, ou la haute Marphise,
Seur de Roger, il m’ust, possible, prise.
Mais quoy ? Amour ne put longuement voir.
Mon cœur n’aymant que Mars et le sauoir :
En me voulant donner autre souci.
En souriant, il me disoit ainsi :
Tu penses donq, ô Lionnaise Dame,
Pouuoir fuir par ce moyen ma flame :
Mais non feras, i’ai subiugué les Dieus
Es bas Enfers, en la Mer et es Cieus.
Et penses tu que n’aye tel pouuoir
Sur les humeins, de leur faire savoir
Qu’il n’y ha rien qui de ma main eschape ?
Plus fort se pense et plus tot ie le frape.
De me blamer quelquefois tu n’as honte.
En te fiant en Mars, dont tu fais conte :