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Page:Labé - Œuvres, t. 1-2, éd. Boy, 1887.djvu/293

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ET LES ŒUVRES DE LOUISE LABÉ.


personnage, l’accueillant avec une grâce parfaite et avec cette politesse, fort démonstrative, encore en usage au temps de ces femmes qui pour l’amour du grec embrassaient un savant ? Entend-on, derrière la porte, Antoinette Taillard, les bras au ciel, disant qu’elle avait bien prévu tout cela, mais déclarant solennellement qu’elle a fait son possible pour l’empêcher et que sa conscience de belle-mère ne lui reproche rien ? Et alors un mot plus ou moins bien entendu et plus ou moins bien répété, un mot venant des parents eux-mêmes, n’est-il pas suffisant pour faire naître, dans le public, une suite de petites médisances, qui ne tardent pas à donner le jour aux plus vilaines calomnies ? Mais, qu’elles viennent de la sottise ou de la méchanceté, — ces deux sœurs jumelles, — les morsures faites dans la chair d’une jolie femme sont difficiles à guérir, et il n’est pas surprenant que, plus de trois siècles après, on puisse les prendre encore pour les traces du vice.

Il en coûte cher d’écrire quelques vers dont on parle ! a dû se dire parfois Ennemond Perrin. Du Verdier remarque que Louise « étoit mariée à un bonhomme de cordier ; » mais nous ne sommes pas tenus de prendre au pied de la lettre l’expression du noble sieur de Vauprivas, et de considérer Perrin comme le » Jean-Jean » dont parle la Chanson nouvelle de la Belle Cordière. La position de mari d’artiste a toujours eu de quoi faire sourire, même quand ce rôle est tenu par de fort habiles gens, qui savent rester seigneurs et maîtres quoique en demeurant dans la pénombre. Tout en ne supposant pas