qu’elle a laissé à la postérité, entre autres, son Dialogue de la Folie et de l’Amour, plein de tant et si belles fleurs, tant pour la moralité que pour les descriptions élégantes qu’elle y a artificieusement dressé que ceste œuvre a esté recerchée et admirée des espris les mieuz nés de ce siecle. Le seigneur Jaques Ridouet, sieur de Sancé, comme entre les gentilhommes angevins il seroit bien marry d’avoir quicté le pas à aucun, non moins pour la prouesse que pour la doctrine, a pris un tel goust au dialogue de ceste dame, qu’il a dressé trois autres discours élegans en rithme auzquels par maniere d’imitation, suivant la piste, et prenant le sujet de ceste dame, il a enfoncé la dispute qu’elle avoit entamé. Je recognoistray qu’il y a apporté des inventions et artifices qui surpassent de beaucoup le premier project de celle dame, laquelle ne perd pour cela un seul point de sa louange. Elle est vaincue par un seigneur qui naturellement a plus de roideur et de force qu’une femme, auquel pour la raison et jugement elle ne feroit difficulté de céder. Et finalement, elle ayant tracé le premier dessein, le sieur de Sancé ayant peu et deu adjouster perfection à ce qui estoit esbauché. Le Sr Paradin la prise de chasteté, ce que je ne répute pas à moins que sa dextérité d’esprit. »