Page:Labarre - Le chant de la paix, 19xx.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
« Le Chant de la Paix »

la consigne et me faufiler jusqu’à vous comme une voleuse. Vous me pardonnez sans doute, Jean, puisque c’est la hâte de vous revoir qui m’a fait agir ainsi.

— Non seulement, je vous excuse Rita, mais soyez assurée que je suis très touché de la marque d’affection que vous me témoignez. Cependant il est de mon devoir de vous dire que vous avez commis, là, une très grave imprudence. Vous avez oublié, sans doute, que la consigne est très sévère en temps de guerre. Pénétrer de cette manière dans le cabinet de travail d’un général pourrait peut-être plus tard, nous causer bien des ennuis. Les espions, dans ces circonstances, sont très vigilants, comme il se trouve ici un plan de bataille gigantesque qui doit même décider du sort de la France, vous seriez gravement compromise, si ces documents venaient à disparaître. Il est évident qu’advenant ceci, la justice exigerait des renseignements sur votre visite. Sans doute, vous n’auriez pas à craindre une condamnation, car vous êtes Française. Toutefois il ne serait pas moins ennuyeux pour vous d’avoir à répondre à toutes ces longues procédures. Il me plaît d’espérer que mes craintes en ce moment sont tout à fait exagérées. Comme sage mesure de prudence il est important que tout ceci reste entre nous un secret absolu. Pour cela, il vous faut à tout prix sortir en trompant de nouveau la surveillance du garde. Le moyen que je vais vous suggérer, vous permettra de fuir sans danger et sans difficulté. Voici : Il se trouve dans mes appartements un passage secret qui vous évitera toute rencontre importune, mais là encore il faut que le silence le plus strict soit gardé ; car si notre secret était découvert, je serais à mon tour dans une impasse excessivement compromettante.

— En ce cas, reprit aussitôt Rita, je ne peux accepter cette proposition ; étant la seule coupable, je ne veux pas que vous vous exposiez pour moi à d’i-