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Roman illustré du « Soleil »
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nutiles dangers, je supporterai toute seule les responsabilités de mon imprudence.

— Pourtant la suggestion que je viens de vous faire est bien la seule qui élimine pour nous ces dangers peut-être imaginaires. Cet assaut gigantesque est sur le point de se déclencher, comme je n’ai pas le droit de laisser pénétrer personne dans mes appartements, vu les circonstances, il est donc nécessaire pour moi-même que votre visite reste inaperçue. Songez que l’efficacité de cette attaque est basée sur la rapidité de l’exécution, et vous comprendrez qu’il serait désastreux s’il me fallait, pour obéir à la consigne, subir moi-même ces longs interrogatoires. Vous vous devez donc de vous rendre à mes désirs.

— Vraiment, Jean, l’exposé clair et précis que vous venez de me donner me montre cette fuite comme un devoir. Je vous obéirai puisqu’il le faut ; mais je vous jure, que si un jour mon imprudence vous attirait quelques ennuis, je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour subir seule le châtiment de cette faute.

— Je vous en prie, Rita, ne vous désolez pas ainsi pour de vagues appréhensions ; nous n’en subirons jamais aucune conséquence fâcheuse, je l’espère bien.

— Je veux également l’espérer, mais avant de vous quitter permettez-moi de vous remercier encore une fois pour tout ce que vous avez fait pour moi, et veuillez croire à mon éternelle reconnaissance.

Sans plus d’hésitation, ayant écouté les dernières recommandations de Jean Desgrives, Rita disparut par le passage secret.

Lorsqu’elle se retrouva sur la route qui conduisait au château de la Roche-Brune, de nouveau l’angoisse envahit son âme. Elle souffrait atrocement en se rendant compte que le destin l’avait faite rivale de sa protectrice. Elle aurait bien voulu ne plus avoir dans son cœur cet amour qui la brûlait, et pleine