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Page:Labarre - Le chant de la paix, 19xx.djvu/33

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Roman illustré du « Soleil »
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On comprend facilement qu’avec de tels sentiments, il était impossible à la pauvre Rita de cacher son trouble, de simuler sa gaité coutumière. La baronne s’aperçut de son malaise, mais elle crut que la maladie seule en était la cause. Elle ne s’en inquiéta donc pas davantage. Mais lorsqu’elle eut reconduit la jeune fille à ses appartements, et quelle put la contempler sous l’éclat des lumières, sa pâleur l’effraya, et, sur le ton d’un doux reproche, elle lui dit :

— Rita, ma pauvre petite, tu n’aurais pas pousser si loin ton dévouement, tu n’es plus que l’ombre de toi-même. Je m’aperçois que j’ai commis une grande erreur en organisant pour ce soir un concert que tu n’es certes pas en mesure de présider ; j’aurais dû prévoir que ta fatigue et ta maladie exigeraient, dès ton arrivée, un long repos. Mais malheureusement j’ai trop écouté les sollicitations de ceux qui étaient anxieux de t’entendre. Maintenant, ce qu’il me reste à faire pour réparer ma faute, c’est de chercher à atténuer leur déception, en leur promettant pour plus tard le régal artistique espéré. Tu me pardonneras sans doute mon manque de réflexion, pourquoi cette fois encore, c’était dans le seul but de soulager les misères de guerre, que je voulais exploiter tes talents artistiques.

— Vraiment, madame je ne voudrais pour aucune considération, vous causer à vous et à ce public indulgent, cette déception ; et plus j’en éprouve même un certain plaisir, sachant à quelle œuvre utile sont destinés les bénéfices. Vous voyez que loin de vous blâmer, je vous remercie plutôt d’avoir, par amitié pour moi, attaché tant d’importance à mes modestes talents.

— Rita, si j’étais la seule à proclamer tes qualités, tu pourrais peut-être croire que c’est mon profond attachement qui exagère à mes yeux tes mérites. Heu-