Page:Laberge - Fin de roman, 1951.djvu/102

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UNE BELLE JEUNESSE


Un matin de janvier par un froid de quinze degrés sous zéro, une famille de sept ou huit personnes envahissait la salle d’attente de la gare du petit village de Fascettes. En entrant, la femme qui tenait un enfant d’une dizaine de mois dans ses bras, et tout son petit monde entourèrent la fournaise afin de se réchauffer.

I fait moins frette qu’à la maison, déclara-t-elle d’un ton satisfait.

Comme la marmaille devenait plutôt bruyante, le chef de gare passant la tête dans le guichet aux billets demanda :

— Où allez-vous si à bonne heure ?

— À la ville, répondit la femme.

— Mais le train ne passe qu’à trois heures de l’après-midi et il est à peine neuf heures. Ça vous fait du temps à attendre.

— Je sais, mais il n’y a pas de feu à la maison et il est inutile de se laisser geler.

L’homme la regarda un moment. Il fut sur le point de dire : La gare n’est pas un refuge, mais il se retint et demanda simplement :

— Avez-vous l’intention de revenir ?