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LA TANTE ET LA NIÈCE


Avant de faire des arrangements, avant de se départir de son bien, le père Bénoni Gendron y avait longuement pensé. Il avait travaillé, durement travaillé et il voulait faire profiter les siens du fruit de ses labeurs et non les plonger dans les troubles et les chicanes. Certes, il ne possédait pas une fortune, simplement une petite terre avec le produit de laquelle il avait vécu et avait élevé une famille de huit enfants. Maintenant, tous ceux-ci étaient mariés et établis à l’exception de Michel, le fils aîné, et de Françoise, la plus jeune de ses filles, qui demeuraient avec lui. Naturellement, le garçon hériterait de la ferme, à charge de lui donner à lui et advenant son décès avant celui de sa femme, à celle-ci, la moitié du revenu annuel. Mais il y avait la fille, et il voulait lui assurer la subsistance. Il décida donc qu’au cas où Françoise ne se marierait pas, elle habiterait avec son frère à la mort de ses parents. Elle serait logée et nourrie et recevrait quinze piastres par an pour se vêtir. Le père Bénoni estimait qu’il est très important de bien faire les arrangements, car autrement, c’est la brouille dans les familles et parfois des procès. Il voulait éviter cela. Tous les détails décidés, l’on se rendit chez le notaire qui rédigea un acte de donation.