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fin de roman

ables, de petits drames mesquins et pénibles comme il s’en produit dans la vie de tant de gens, comme entre mari et femme, belle-mère et bru comme on le verra dans les pages qui suivent.

Le jardin

Un matin, au moment de sortir pour aller planter des oignons dans le jardin, la tante déclare :

— Moi, je t’aide, je travaille autant que toi, alors je devrais retirer la moitié des profits. Lorsque tu vends des légumes, j’ai droit de recevoir la moitié du prix.

Zélie se dit que le jardin lui appartient en propre, que non seulement elle n’a pas besoin de la tante pour l’aider mais que celle-ci lui nuit plutôt qu’elle lui est serviable.

— Elle n’y voit pas et lorsqu’elle se mêle de sarcler, elle arrache les bons plants qu’elle ne peut distinguer des mauvaises herbes, déclare-t-elle à la voisine. Elle ne fait que du gâchis. Ah oui ! je me passerais bien d’elle mais je ne peux m’en débarrasser.

Toutefois, pensant à l’argent de la tante qui lui reviendra peut-être à sa mort, elle consent à cet arrangement. Alors, lorsqu’elle vend pour vingt sous de carottes ou de fèves, la tante reçoit dix sous.

Zélie songe que la tante ne dépensant jamais rien, son héritage grossit lentement. Elle espère que ce qu’elle lui donne dans les circonstances est une économie quasi obligatoire qu’elle encaissera probablement à la mort de la tante.