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fin de roman

son capital s’arrondir des intérêts, mais elle ne veut pas distraire une parcelle de son argent pour acheter une douzaine d’oranges. Elle préfère le laisser dormir pour quel héritier ?

Le réveille-matin

Certains matins, Zélie voudrait bien se reposer un peu plus longtemps que d’habitude, se lever un peu plus tard. Elle a mal dormi, est fatiguée et aimerait à rester au lit, mais la tante Françoise qui est debout chaque jour à sept heures se lève et descend du grenier dans la cuisine. Qu’il n’y ait rien à faire ou qu’il y ait quelque besogne à accomplir, qu’il fasse beau ou qu’il pleuve et qu’on ne puisse sortir, cela ne fait aucune différence et elle descend. Comme elle n’entend pas remuer Zélie, elle renverse une chaise, échappe le tisonnier par terre, heurte les casseroles et les marmites.

— Est-ce que le feu est à la maison ? interroge la voix lasse de Zélie.

— Non, mais c’est l’heure de se lever, fait l’implacable vieille.

Alors, étouffant un bâillement, Zélie comme une servante qui serait rabrouée par sa maîtresse, sort de ses draps en grognant. Entrant dans la cuisine, elle aperçoit la face hargneuse de la tante Françoise qui lui jette d’un ton agressif : « T’es ben paresseuse à matin. »

L’image du curé

Les paroissiens ont fêté les vingt-cinq ans de prêtrise de leur curé. Comme ils sont généreux, ils lui ont présenté une bourse de $1,500 et lui ont offert un magnifique appareil de radio. Le mois suivant, le prêtre envoie une