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fin de roman

Au grenier

Lorsqu’arrivent les chaleurs de l’été, la tante Françoise, au lieu de coucher dans sa chambre, grimpe, au risque de se casser le cou chaque fois, un escalier aussi raide que celui pour monter dans un clocher et va s’étendre au grenier sur une paillasse, où il n’y a pas d’air et où elle dort dans son jus.

— Dites-moi donc pourquoi ne vous couchez-vous pas confortablement dans votre chambre au lieu de monter au grenier ? demande la nièce Zélie.

— Ben, je ménage ma chambre et mon lit. Si je tombe malade ou si je meurs, je veux qu’ils soient en ordre, bien propres, réplique la tante.

Et pendant les mois de grande chaleur, la chambre fraîche, silencieuse, reposante, avec son lit recouvert d’un couvre-pieds blanc, dans laquelle il ferait si bon dormir, la chambre au mur orné d’un portrait du Pape et d’une image de la Vierge, reste inoccupée. Elle est ainsi la tante.

L’autre jour, elle partait pour aller au village. Et elle avait sur le dos une vieille robe noire, toute changée, déteinte, verdie par le soleil.

— Mais mettez donc une robe propre. Comme ça, vous avez l’air d’une vieille de l’hospice, remarqua la nièce.

— Mettre ma robe neuve ! Mais je la garde pour me faire ensevelir, pour m’en aller en terre. Je veux avoir une robe convenable pour paraître devant le bon Dieu.

Les messes

C’est l’automne. Les fermiers font la récolte des pommes. Elle est abondante et la main-d’œuvre rare. Alors,