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fin de roman

l’on offre un salaire élevé à ceux et celles qui voudront aider à cueillir les fruits. La nièce Zélie se laisse tenter. Elle n’a pas de travail pressant. Sûr, qu’elle serait bien sotte de ne pas profiter de l’occasion de gagner facilement quelques piastres. Après le dîner, elle sort donc et s’en va aider à cueillir les pommes dans un verger des environs. Elle revient le soir pour le souper après avoir reçu $2.50 pour ses services. La tante est de mauvaise humeur.

Le lendemain la nièce repart encore. La mauvaise humeur de la tante s’accroît.

— Mais, dis-moi donc quel besoin tu as d’aller travailler pour les autres ? Tu n’as pas assez d’argent ? Tu en veux davantage ?

— Quel besoin j’ai de gagner de l’argent ? Mais croyez-vous que le pain, la viande, le beurre, le sucre que vous mangez ne coûtent rien ? Croyez-vous qu’on m’en fait cadeau ? Il faut que je paie pour vous donner tout cela. Puis tout le monde essaie de gagner de l’argent. Et vous, manquez-vous la chance de faire quelques sous ? Puisque vous êtes logée, nourrie, habillée, qu’est-ce que vous avez besoin d’argent ? Vous quêtez les vieux journaux afin de les vendre. Qu’est-ce qui vous pousse à faire ça ?

— Oh ! moi, c’est différent. J’ai besoin d’argent pour me faire dire des messes quand je serai morte.

Les tulipes

Aux premiers jours de mai le jardin fleuri de Zélie offre un coup d’œil enchanteur. Une dame qui passe sur la route s’arrête en contemplation devant un admirable carré de tulipes aux couleurs éclatantes.