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fin de roman

— Vous ne me vendriez pas quelques-unes de ces fleurs ? interroge-t-elle en s’adressant à la propriétaire qui travaille à quelques pas. Zélie cultive ses tulipes pour son plaisir et non pour en faire un commerce, mais comme elle connaît la dame elle se montre obligeante.

— Mais oui, dit-elle, je vous en vendrai.

— Voyez-vous, ma mère est en visite chez moi en ce moment et elle adore les tulipes. Je voudrais lui en donner un bouquet. Alors, combien me vendrez-vous cela ?

— Oh, cinquante sous la douzaine, répond l’autre.

— Bien, vous serez chez vous cet après-midi ?

— Je suis chez moi toute la journée.

— Alors, je passerai en prendre une douzaine.

Mais la journée s’écoule sans que la dame fasse son apparition. Évidemment, sa mère adore les tulipes, mais s’il faut payer pour en avoir, eh bien, elle s’en passera.

C’est pour maman

En sortant de l’église où elle était allée faire quelques dévotions, la tante Françoise qui a au gros orteil un ongle incarné qui la fait souffrir, arrête en passant chez la garde-malade pour la consulter. Elle est là depuis quelques minutes lorsqu’une dame s’amène.

— Pourriez-vous venir prendre soin d’une malade ? demande-t-elle.

— Oui, en ce moment je suis libre.

— Combien me chargeriez-vous ?

— Quatre dollars par jour, madame.

— C’est un peu cher. Ce n’est pas pour moi, vous savez. Si c’était pour moi, je ne dis pas, mais c’est pour maman.