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fin de roman

Le visiteur est assis dans le salon sur l’une des vieilles chaises en crin et, de temps à autre, ses regards font le tour de la chambre. Au mur, dans le fond de la pièce est une chromolithographie représentant une jeune femme assise en face d’un lac. À plusieurs reprises, le visiteur regarde dans cette direction.

— Aimes-tu ça, ce tableau là ? lui demande la tante qui a observé son manège.

— Quel tableau ? interroge le neveu.

— Mais celui que tu regardes.

— C’est pas ça que j’ai dans l’idée. Je regardais la place où était le portrait du grand-père et je ne le vois pas.

— Oh ! le cadre était décollé et alors on l’a monté dans le grenier, explique la tante. Si tu veux, je peux aller le chercher.

— Non, merci, répond l’homme soudain devenu grave.

Pendant une minute il contemple en silence la place où était autrefois accroché l’agrandissement photographique de son parrain dans un lourd cadre brun et doré. C’était ce portrait de son aïeul qu’il était venu voir, qui l’avait ramené dans cette maison.

Soudain, il se lève et prend son chapeau déposé sur la table.

— Tu t’en vas pas ? fait la tante. Tu vas rester à dîner avec nous. Il y a si longtemps qu’on s’est vus.

— Non, merci. Il faut que je m’en aille. J’ai des places où aller.

Et il sort.