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fin de roman

qu’est devenue la semence enfouie là. À son étonnement, elle ne trouve rien. Puis subitement, elle comprend :

— J’ai oublié de semer mes fèves, fait-elle.

Alors, toute consternée par cette découverte, elle s’exclame d’un ton d’effroi :

— C’est un signe de mortalité. Je vais mourir avant longtemps.

Aux noces d’or

Une couple de mois plus tard, la tante Françoise était invitée aux noces d’or de sa cousine Philomène, mariée à Philias Dubuc・ La souscription était fixée à deux piastres, représentant la cotisation pour un cadeau aux jubilaires et le prix du dîner. La tante et sa nièce se rendirent à la fête. Après la cérémonie à l’église, l’on prit le repas en plein air devant la maison. Un traiteur de la ville avait été engagé pour servir le festin. L’on mangeait sur des petites tables pour quatre personnes. La tante Françoise s’installa avec trois de ses nièces : Zélie, Mathilda Gagné et Amélie Lavigne. Après le potage, l’on apporta à chaque convive une assiette avec trois espèces de viandes : du poulet, du jambon et du veau pressé.

— Moi, j’ai trop de viande, déclara Mathilda. Je ne mangerai pas de ce veau pressé. Qui est-ce qui le désire ? Voulez-vous le prendre, ma tante ?

— Si tu ne le manges pas, j’accepte, fait celle-ci. Moi, tu sais, j’ai bon appétit.

— Voulez-vous le mien aussi ? demande Amélie Lavigne. Je n’ai pas faim et je me contenterai du poulet et du jambon.