mais à plusieurs reprises, alors que je lui suggérais d’aller quelque part à tel soir, il me répondait que la chose lui serait impossible parce qu’il aurait du travail à faire ce jour-là. Il y avait six mois que nous nous connaissions et mes vacances approchaient lorsque je vis dans un journal l’annonce d’une croisière de neuf jours à Terre-Neuve, au Labrador et au Saguenay. Les dates me convenaient on ne peut mieux. On aurait pu croire que c’était moi qui les avais choisies. En outre, le prix du voyage s’accordait avec mes modestes moyens. Immédiatement, je parlai de la chose à mon ami et lui déclarai franchement que je serais très heureuse s’il pouvait s’arranger pour faire cette excursion avec moi. Il me parut indécis puis déclara : Je vais faire mon possible pour obtenir un congé à cette date. À notre rencontre suivante, j’abordai de nouveau le sujet, car de faire cette croisière avec lui aurait été un bonheur fabuleux. J’espérais aussi que je saurais l’amener à me proposer le mariage pendant ces jours où je l’aurais tout à moi. Comme j’insistais pour le décider, il me dit : Allons au cinéma et nous en causerons. Après le spectacle, nous allâmes manger puis il me dit : Viens voir ma chambre. Je l’aimais tellement et je désirais tant le décider à faire le voyage avec lui que j’acceptai. À mon âge, je savais ce qui m’attendait, et lorsqu’il me prit dans ses bras et me pressa sur lui, contre lui, j’éprouvai une telle extase que je n’offris aucune résistance lorsqu’il me poussa sur son lit.
— Entendu, me promit-il une demi-heure plus tard, lorsque je le quittai pour me rendre à ma chambre. Je vais acheter mon billet et nous ferons la croisière ensemble.
J’étais sûre de lui et les trois jours qui nous séparaient du départ me parurent bien longs tellement j’avais hâte