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fin de roman

Un soir, à une réunion sociale, je fis la connaissance d’un charmant jeune homme. C’était un aimable causeur, intéressant et spirituel. Son nom était Paul Berry. Au moment de nous séparer, il me dit qu’il serait heureux de me revoir. Comme il me plaisait, je l’invitai à venir me voir à la maison où j’avais ma chambre. Instruite par l’expérience, je me promettais bien de ne pas commettre une nouvelle erreur. Cependant, je ne fus pas lente à reconnaître que c’était un garçon sérieux, un parfait gentleman. Tout comme l’autre, il m’amenait au cinéma, au restaurant, mais n’agit jamais d’une façon déplacée. Nous nous connaissions depuis quatre mois lorsqu’un dimanche, au cours d’une promenade, il me demanda en mariage. J’acceptai. J’avais eu le temps d’apprécier ses qualités et en plus, j’avais de l’affection pour lui. Je savais en outre qu’il était en état de me faire vivre convenablement car il était à l’emploi de la ville et recevait un salaire très convenable. Nous nous épousâmes un matin d’avril. J’étais très heureuse. Je ne savais pas ce qui m’attendait.

Lorsque nous nous trouvâmes dans notre chambre, le soir, mon mari parut nerveux, agité. Au lit, il m’accabla de caresses, me couvrit de baisers passionnés. « Je t’aime, je t’aime tant », me déclarait-il avec ferveur et ses lèvres écrasaient les miennes. Naturellement, je croyais que ces démonstrations de tendresse étaient le prélude de l’acte qui scelle l’union de l’homme et de la femme. Mais mon compagnon était hésitant. Il me donnait l’impression d’un acteur qui ne sait pas son rôle ou qui l’a oublié et qui brode en attendant que la mémoire lui revienne. Certes, il était possédé par un immense désir mais je constatais à ma surprise que le courant ne pouvait s’établir entre son cerveau et ses organes. Son désir, un désir intense était tout