Page:Laberge - Fin de roman, 1951.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
fin de roman

cérébral et ne pouvait stimuler la chair. Désespérément, il s’efforçait d’être un homme mais tous ses efforts étaient vains.

— Tu es nerveux, fatigué, repose-toi un moment, lui dis-je.

Il s’étendit sur le dos, les mains à ses côtés, les yeux au plafond, évitant de me regarder, comme s’il avait honte de lui-même. Malgré son apparente immobilité, je le sentais encore plus nerveux qu’auparavant. Au bout de quelques minutes, il recommença ses caresses, mais sans résultat. À ce moment, j’étais moi-même très nerveuse.

— Essayons de dormir, cela nous fera du bien à tous les deux, proposai-je.

Il resta silencieux, clairement humilié par son échec.

Il se produisit une brève accalmie, puis de nouveau, l’homme en proie à un désir incontrôlable tenta de s’affirmer. Son cerveau en ébullition était animé d’un immense vouloir, mais ce vouloir était vain, stérile.

Les heures s’écoulèrent et je dus subir la pénible et affolante épreuve à laquelle me soumettait mon compagnon. Au matin, j’étais lasse et énervée au-delà de toute expression. Cette nuit de noces avait été pour moi une véritable torture ; elle m’avait donné l’impression d’un affreux cauchemar. Les soirs qui suivirent furent une répétition du premier. Ce n’était pas un mari que j’avais, mais un malade. Tout simplement, l’homme était impuissant. Absolument et complètement impuissant.

— Si l’ampoule électrique de la chambre refusait de s’allumer lorsque tu presses le commutateur pour établir le courant, tu ferais venir un électricien pour qu’il répare ce qu’il y a de défectueux dans le circuit, alors pourquoi ne vas-tu pas consulter un médecin pour qu’il te con-