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fin de roman

seille un moyen de vaincre ce trouble de ton organisme, lui dis-je.

— J ai déjà vu un spécialiste, avoua-t-il, mais c’est une chose bien compliquée et bien obscure. Toutefois, il m’a affirmé que cela changera.

Néanmoins, presque chaque soir j’étais condamnée à subir les frénétiques mais vains efforts de cet homme pour affirmer sa virilité.

Le malheureux était impuissant et, à mes côtés, il endurait le supplice de Tantale. Quant à moi, j’étais à la torture.

Notre sort à tous deux était lamentable.

Au bout de trois mois de ce régime, j’étais une loque et je croyais que j’allais devenir folle. Réellement, la situation était intenable. Il était impossible de la prolonger davantage. J’eus une explication avec mon mari. Je lui déclarai qu’il n’y avait qu’une chose à faire : divorcer.

— Tu as raison, mais cela me fait énormément de peine car je t’aime encore plus que lorsque nous nous sommes mariés, déclara-t-il. Comment allons-nous procéder ?

— Je vais te quitter et dans ta demande, tu allégueras abandon du domicile conjugal par ton épouse. De cette manière tu obtiendras le décret sans difficulté.

Il entama donc les procédures, mais pendant que son avocat s’occupait de la cause, mon mari voyageant en auto avec un ami fut victime d’un accident, sa voiture venant en collision avec une autre. Son ami fut tué sur le coup. Lui fut transporté à l’hôpital où il demeura deux jours sans connaissance puis il mourut.

Lors de notre mariage, mon mari avait pris une assurance de quatre mille piastres sur sa vie, nommant sa