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fin de roman

me qui m’avait parlé la veille. Ce fut lui qui m’aperçut quelques minutes plus tard. Il venait de sortir de l’eau tandis que je flânais sur le sable, me faisant chauffer par le soleil. Il vint à moi et nous échangeâmes quelques phrases en regardant les vagues qui venaient se briser à nos pieds. J’étais en vacances pour me reposer et j’écoutais distraitement les propos que me tenait le personnage. Sans paraître y attacher d’importance, il faisait des frais pour me plaire et la chose n’était pas sans me flatter. Il m’apprit qu’il logeait au Rainbow Lodge et me demanda où je pensionnais. J’avais ma chambre au Penguin Hôtel.

— Que faites-vous le soir ? demanda-t-il.

— Je fais une promenade, je lis un peu et je me couche. J’ai besoin de repos.

— Un peu de distractions ne vous ferait pas de mal. Que ne venez-vous passer une heure au cabaret Quiet Waves ? Il y a un spectacle passable. L’on danse si l’on veut aux accords d’une musique enlevante et l’on prend un verre de vin, de rye ou de whiskey.

— N’allons pas trop vite, dis-je. Nous sommes des inconnus l’un pour l’autre. Nous ne savons même pas nos noms.

— Je me nomme Louis Mercer, de Detroit.

— Irene Dolbrook est mon nom. J’ai toujours vécu à New York.

— Alors, Mlle Dolbrook, si vous le voulez bien, nous irons prendre un cocktail au cabaret ce soir.

— J’accepte. À quelle heure ?

— J’irai vous chercher à dix heures.

Je revêtis l’une des toilettes que j’avais achetées pour mon voyage de noces avec Vernon Faber et vraiment, j’é-