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fin de roman

tais plutôt satisfaite de moi. Je dus faire une heureuse impression sur Louis Mercer car en m’apercevant, sa figure prit une expression admirative.

L’assistance aux lieux d’amusements sur les plages fashionables est toujours nombreuse. Au Quiet Waves, elle était non seulement nombreuse mais fort élégante. Je me rendais compte toutefois que je pouvais soutenir la comparaison avec toutes les femmes qui étaient là. Mon nouvel ami paraissait fier d’être en ma compagnie. Le programme artistique offert aux clients était certes original et attrayant. Deux danseuses, une chanteuse, un violoncelliste et quelques comédiens de talent fournissaient un spectacle de premier ordre. Je pris un cocktail, un autre encore puis un troisième. J’avais cependant conservé ma raison. Louis Mercer, mon compagnon n’était pas un sentimental mais il avait beaucoup d’esprit, un esprit à facettes qui me surprenait et m’amusait. Je passai en sa compagnie une soirée charmante. Il était une heure du matin lorsqu’il me laissa à mon hôtel.

Le lendemain après-midi, je le retrouvai à la plage.

— Vous êtes bien reposée ? me demanda-t-il.

— Aussi bien qu’on peut le souhaiter, mais je me suis levée tard. Il était dix heures lorsque je suis descendue déjeuner.

— Dix heures ! Mais vous êtes matinale. Moi, je me suis levé à midi et j’ai mangé à une heure.

— Mais vous n’avez pas dormi onze heures, fis-je surprise.

— Sûrement non. Je me suis couché à six heures.

— Et vous êtes retourné au cabaret après m’avoir laissée, fis-je d’un ton railleur.