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fin de roman

— Puisque vous n’y étiez plus, je n’avais pas de raison d’y retourner. Je suis allé au club.

— Au club. Quel club, si j’ose demander ? — Oh, un club de cartes. Je passe là de bons moments. Les cartes sont mon vice.

Passer une partie de la nuit à jouer aux cartes. Je n’en revenais pas. Je trouvais cela inconcevable.

Nous passâmes l’après-midi à la plage, nous baignant et nous faisant chauffer au soleil.

Sans être très loquace, Louis Mercer était un brillant causeur. Comme je l’ai déjà dit, il était doué d’un esprit pétillant. C’était un plaisir de l’entendre et je me plaisais fort en sa compagnie. Le soir, il m’amena à un autre cabaret et là, tout en faisant des mots drôles, il me manifestait une vive admiration. Je le sentais épris et j’étais moi-même conquise par son heureux caractère. Il était passé minuit lorsque nous sortîmes du cabaret.

— Si vous n’êtes pas trop fatiguée, dit-il, nous allons marcher pour vous reconduire chez vous. Je voudrais vous parler sérieusement.

Surprise par ce préambule, je le regardai curieusement pendant qu’il prenait ma main dans la sienne.

— Vos vacances vont bientôt prendre fin et vous allez vous éloigner d’ici en emportant des souvenirs qui, je l’imagine, s’effaceront bien vite. Il n’en sera pas ainsi de moi. Je ne vous connais que depuis quelques jours, mais pendant ce peu de temps j’ai appris à vous apprécier et à vous comprendre. Si nous unissions nos destinées, je crois que nous n’aurions pas lieu de le regretter. Pensez-y cette nuit. Vous me direz demain après-midi ce que vous en pensez.

M’ayant souhaité le bonsoir, il disparut.