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fin de roman

— De toute ma vie, je n’ai vu une femme aussi exquise, me déclara-t-il. Pendant tout le temps du souper et pendant les heures qui suivirent au cabaret, il me manifesta une espèce d’adoration.

— Ma chère Irene, c’est la plus belle soirée de ma vie, me dit-il d’un ton ému.

Après la crème glacée et le café, il se leva de sa place et s’approchant de moi, me prit les deux mains, me fit lever et me prenant dans ses bras m’embrassa avec véhémence. Je le sentais profondément amoureux.

— Si vous vouliez, dit-il, nous n’irîons pas au cabaret ce soir. Je n’ai pas besoin de distraction. Vous absorbez toutes mes pensées et je ne désire rien d’autre que de vous voir. Il me semble qu’il ferait bon de faire une petite promenade ensemble.

J’acquiesçai à sa suggestion et nous sortîmes.

C’était une belle soirée, une soirée qui répondait à notre état d’esprit. Nous croisions des gens qui s’en allaient à leurs plaisirs. Nous entendions des bribes de conversations qui nous faisaient comprendre combien nous étions étrangers à tous ces gens qui remplissaient la ville. Louis Mercer berçait mes oreilles de ses paroles d’amour. Pourrai-je jamais lui rendre pareille affection ? me demandais je. Tout de même, l’avenir m’apparaissait plein de promesses.

— Vous devez être lasse de marcher ainsi. Nous allons prendre un taxi qui nous promènera à l’aventure.

Là-dessus, il héla une voiture qui passait.

— Promenez-nous par la ville, ordonna-t-il au chauffeur.

Dans l’auto, il s’assit tout près de moi, tenant mes mains dans les siennes. À plusieurs reprises, il m’embrassa